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LE FRONT CONTRE LA VITRE

Solidarité d’autant plus redoutable qu’elle est instinctive ou cultivée dans l’œuf ; qu’elle agit sans préoccupation de logique et sous la seule dictée des événements ; et qu’elle est surveillée par le self-consciousness, mot intraduisible qui exprime les exigences constantes de la collectivité à l’égard du contrôle individuel.

Tout cela ne se produirait pas sans le fair-play. À l’intérieur de l’équipe, pour que le joueur donne sa pleine valeur, il faut que ses mouvements soient facilités dans la souple contrainte du jeu. On ne voit guère un équipier brimer un camarade ou briser son élan. Les chances doivent être pesées. Entre les équipes, l’arbitre applique avec la plus stricte justice les règles de la joute. Une faveur ferait scandale, et si le cinéma en imagine, c’est précisément pour venger l’éthique du sport en assurant la victoire du bon jeune homme sur le vilain. Le fair-play, c’est la lutte à armes égales, pour la beauté du spectacle. Étendu à l’être social, il devient la liberté, où se poursuit « l’opposition collaboratrice ».

D’où vient que l’Anglais ne nous applique pas toujours, à moins que les faits ne l’y contraignent, le fameux fair-play. Il y a contradiction entre le mot, lourd de promesses, et la réalité dépourvue de largesse. Il est rare, et quand cela arrive c’est par intérêt le plus souvent, qu’un des nôtres soit appelé à un poste de tout premier plan dans une entreprise anglaise. Les prébendes de l’administration fédérale sont réservées avec un soin conscient et organisé à nos compatriotes anglo-saxons. On ne nous