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ANGLAIS — FRANÇAIS

de ce qu’on a justement appelé « la prime au renversement des ministères ».

L’étranger s’y trompe. S’il sent gronder dans la presse la menace d’une émeute qui s’annonce par les précautions du gouvernement et les proclamations des mécontents, il quitte Paris ou renonce à s’y rendre. Qui le blâmerait ? N’entend-il pas dire chaque soir, sous le manteau, que l’émeute ou la guerre est pour le lendemain ? La colère des idées passées, l’intelligence désarmée par la parole, la paix se rétablit dans l’enchantement d’un beau geste qui satisfait beaucoup plus l’âme française que la lutte ne l’eût apaisée. Lucien Romier écrivait hier dans le Figaro : « Les Français ayant, selon leur habitude, beaucoup sacrifié à la rhétorique pour se faire peur les uns aux autres, résolurent finalement de fêter le Quatorze juillet dans un calme exemplaire. Ceux de nos visiteurs étrangers qui s’éloignèrent de Paris par crainte de menaces de trouble doivent bien le regretter. Ils ont perdu l’occasion de voir un des plus beaux spectacles militaires que l’on puisse imaginer. Ils ont aussi perdu l’occasion de mieux connaître le caractère de la France présente, qui n’est pas, certainement, de chercher des aventures, ni intérieures, ni extérieures. » Ce paragraphe, qui m’est tombé sous les yeux au hasard de l’actualité, reflète la France intellectuelle et modérée. Seulement il ne faut pas trop la piquer.

Elle tient admirablement. L’intelligence a compris qu’il fallait un correctif à ses spontanéités. La France