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LE FRONT CONTRE LA VITRE

Plus haut que cela encore, Mgr Guigues et le Père Tabaret placent leur ambition. Ils désirent « établir une maison d’éducation qui, offrant absolument les mêmes avantages aux deux populations, attirera nécessairement les enfants que la Providence appelle à jouer plus tard les rôles les plus importants dans cette partie du pays. Ces jeunes gens, vivant et grandissant ensemble, apprendront dès l’enfance à se connaître et à s’estimer, et ainsi, ils pourront, en conservant chacun tout ce qu’il y a de noble dans le sentiment national, se préparer à combattre de concert et avec intelligence les nobles combats de la religion et de la patrie ». Ceux qui se préparent, à la même époque, à bâtir la Confédération trouveront-ils mieux ? — Aujourd’hui, demandons-nous autre chose ?

La vie suivit, un peu troublée parfois, mais fidèle, en définitive, à l’idée première. L’Université d’Ottawa est bilingue, au sens où nous l’avons toujours entendu dans la province de Québec : elle respecte les droits, et du français et de l’anglais, ardente également à défendre les uns et les autres. Tâche délicate et difficile ; tâche nécessaire et légitime, fondée sur la nature, appuyée sur les traités, sur des titres de noblesse, sur l’esprit de la loi. Dans l’Ontario, l’Université d’Ottawa est à l’avant-garde de la civilisation catholique et française, comme, dans l’Ouest, le Collège de Saint-Boniface, que fonda Mgr Taché, comme, dans le Nord extrême, les couvents et les missions. Merveilleuse unité de doctrine et d’attitude !

Cependant, un des motifs qui déterminèrent Mgr Guigues me retient. Il est renfermé dans une phrase