Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/114

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bonneau. Aucune préoccupation d’ordre scientifique ne perce, ne s’infiltre même dans leur vers, qu’ils veulent avant tout sonore et cadencé. S’ils n’ont pas repris tous les thèmes chers aux romantiques, du moins ont-ils, à la manière de 1830, puisé leur inspiration aux sources de l’histoire et nourri leur lyrisme de l’exaltation des conquêtes successives qui forment le drame de notre existence nationale.

Tout autre est la nouvelle génération, celle de 1895, à qui M. Jean Charbonneau consacre ce livre où, sans intention critique, il s’essaie à préciser les traits qui caractérisent l’œuvre de nos jeunes poètes, en dégageant les influences françaises qu’ils ont, non plus seulement subies, mais recherchées, et que leur offraient la poétique parnassienne, le rêve symbolise, les ambitions de l’école romane et du néo-classicisme. Rien d’étonnant à ce qu’ils aient ainsi, comme d’instinct, cherché leur bien là où ils savaient le trouver. Le culte de la France, que leurs aînés avaient pratiqué, les avait sans doute naturellement dirigés vers la culture française, et ils comprirent vite à quel point elle leur serait précieuse. Français eux-mêmes, où voudrait-on d’ailleurs qu’ils eussent puisé ? La philosophie hindoue et la poésie anglaise, encore qu’elles leur eussent apporté des éléments appréciables, n’eussent pas laissé de les détourner de leur génie propre.