Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/43

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Il lui reste une fille, Mireille. Où est-elle ? dans quel chemin de hasard ? Sa mère est vite devenue une courtisane. Elle est morte, un matin, en revenant de la fête : Robert a vu cela dans les faits-divers de la grande vie. Où a-t-elle laissé son enfant, qu’elle avait gardée ? Il apprend, par une lettre de sa fille, qu’elle s’est réfugiée dans la solitude heureuse du cloître, en Angleterre, et qu’elle porte maintenant le nom de Sœur Angélique. Pour revoir celle qu’il avait autrefois repoussée, pour se faire pardonner l’injustice de ses soupçons, il part pour Newhaven. Dernier désir sitôt brisé par la mort. Il succombe pendant la traversée. Dans sa main glacée, il tenait encore l’Année spirituelle, petit livre qu’il avait reçu de sa mère ; sur lequel il avait médité durant son agonie morale ; où il avait retrouvé, avec le nom de Dieu, la confiance dans l’éternel pardon.

Dans nos campagnes canadiennes, quand le froid mord et pénètre, les bûches rugueuses sont, chaque jour, approchées du foyer. Les lourdes pièces, échevelées, tordues, sont, une à une, jetées aux flammes et projettent, à demi consumées, des ombres fantastiques qui réchauffent nos rêveries. Par la cheminée, courte et solide, les étincelles jaillissent, affolées ; elles s’élancent droit vers le ciel, avec force. Elles ont la forme de petites étoiles que le vent fait briller d’un reflet très vif où l’on