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LES POISSONS

doute une application en quelque sorte exagérée du droit de priorité car les caractères du genre sont très imparfaitement donnés par Lacépède et la dénomination même est fondée sur une anomalie évidente. Cependant, l’individu type étant parfaitement connu, il peut y avoir avantage à reprendre ce nom, comme l’ont déjà fait plusieurs auteurs contemporains.

« S’il est ainsi possible de limiter le genre, il n’est pas aussi aisé d’en distinguer les différentes espèces, lesquelles, aujourd’hui comme à l’époque où l’écrivit L. Agassiz, sont excessivement difficiles à caractériser. Au premier abord, on reconnaît sans peine plusieurs types, en ayant égard aux proportions du corps, au nombre des écailles et à diverses autres particularités, mais si on examine un certain nombre d’individus, les différences s’atténuent par des transitions graduelles.

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« D’une manière générale, le Micropterus variabilis LeSueur a le corps le plus élevé et le Micropterus salmoïdes Lacép., le plus bas, le Micropterus nuecensis Grd., et le Micropterus dolomieu Lacép., étant intermédiaires sous ce rapport. L’épaisseur donne des différences peu sensibles ; on sait d’ailleurs que ces variations, pouvant dépendre de la saison et du sexe, leur importance est moindre dans des espèces aussi voisines. La longueur de la tête rapportée à la longueur totale donne les nombres extrêmes 29 et 25, peu différents l’un de l’autre et qui de plus se rencontrent tous deux sur une des espèces, la mieux caractérisée peut-être, le Micropterus nuecensis Grd. Le museau et la largeur de l’espèce interorbitaire varient dans une assez grande mesure, 35 et 20 pour l’un, 29 et 20 pour l’autre ; mais il y a mélange entre les différentes espèces que nous croyons pouvoir distinguer, en sorte qu’il est assez difficile d’en faire emploi.

« L’écart considérable que présente la formule de la ligne latérale est un des faits les plus importants, comme indiquant la distinction nécessaire de plusieurs types, puisque cette formule peut varier de 60 à 80. Il existe, il est vrai, un grand nombre d’intermédiaires, dont le tableau peut faire juger au premier coup d’œil. La formule de la ligne transversale suit une marche analogue, puisqu’au-dessus de la ligne latérale les chiffres varient de 7 à 11, et au-dessous, de 15 à 30. Il est aussi important de remarquer que la progression dans les deux formules est la même, c’est-à-dire que les écailles sont beaucoup plus petites pour les espèces citées les premières dans le tableau que pour les suivantes.

« Quant aux formules des nageoires, la seule exception constatée pour les épines de la dorsale sur le premier exemplaire doit être considérée