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XIII
PRÉFACE

voix, mais en revanche, tout poisson est doué d’un merveilleux odorat, qui lui prête la nervosité la plus étrange. Dans le changement des couleurs, l’engourdissement des poissons, dans l’intelligence dont ils font preuve en de fréquentes occasions, dans le mécanisme général de leurs organes, dans la correspondance du temps du frai chez les deux sexes, dans l’équilibre maintenu par la vessie natatoire, dans l’admirable circulation du sang, d’une nature exceptionnelle chez ces animaux, il nous semble qu’il y a des sujets d’étude dignes de l’attention des élèves de nos meilleures institutions et dignes aussi peut-être de la préoccupation d’hommes sérieux et instruits.

Il ne faut pas avoir honte de reprendre sur le tard une étude qui a malheureusement manqué jusqu’ici aux cours de presque tous nos collèges, nos couvents et nos lycées. On aurait tort surtout d’ignorer les classifications des poissons, dues, les premières à Linnée, si savamment modifiées ensuite par Cuvier, Agassiz, Muller et Duméril, si admirablement simplifiées par les auteurs américains de nos jours attachés au Smithsonian Institute.

On verra que dans la préparation et la disposition de cet ouvrage, j’ai fait de mon mieux pour suivre ces savants et trop inimitables modèles. En essayant de marcher sur leurs traces, j’ai su me réserver le droit d’utiliser leur science à mon profit et à celui de mon pays. Qu’on ne me taxe pas de présomption. J’apporte ce livre à l’enseignement comme un enfant apporte une pierre à la construction de la maison paternelle. Lorsque je fais preuve de bonne volonté, que d’autres viennent à la suite et fassent mieux.



Arrivé à la description des salmonidés, j’ai jugé qu’il était opportun de traiter la question des engins de pêche inventés principalement pour la capture de ces poissons. De là je me suis rendu dans la Colombie anglaise, dont les récoltes saumonières font l’étonnement du monde entier et donnent de graves soucis aux économistes américains. Éclairé aux lueurs du houlican, brillant de longue date avant les rutilations de l’or du Youkon, je passe au Grand-Nord du Canada,