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L’ESTURGEON

surtout exagéré par Auguste Duméril, qui en a trouvé plus de quarante dans le seul Musée de Paris. En fait, le nombre réel des esturgeons américains ne dépasse pas sept espèces.

Le premier genre, le genre principal — acipenseridæ — comprend, pour le Canada, l’acipenser sturio — l’esturgeon commun — l’oxyrrhincus, le transmontanus, l’acipenser mediorostris, l’acipenser rubicundus, et l’acipenser brevirostris.

De ces six espèces, la province de Québec en possède trois, l’acipenser sturio, l’oxyrrhincus et l’acipenser brevirostris ; la province d’Ontario compte les mêmes espèces, avec l’acipenser rubicundus en plus. Le transmontanus, le géant des eaux douces du Canada, et l’acipenser mediorostris appartiennent au bassin de l’océan Pacifique, à la région comprise entre la Californie et l’Alaska.

Le second genre, dit schaphyrinque ou polyodon, appelé par les Anglais shoved-noses turgeon, par les Francais, esturgeon à museau spatulaire, réunit quatre espèces dans le bassin du Mississipi, mais nous n’en connaissons qu’une seule dans la région de nos grands lacs. Grâce aux soins de M. Wilmot, senior, cette espèce est représentée, au Musée d’Ottawa, par un spécimen unique bien monté, portant le n° 99.


ACIPENSER STURIO — LE MAILLÉ (à Montréal).


C’est notre esturgeon commun à museau pointu, presque aussi long que le reste de la tête, mais qui se raccourcit et s’émousse considérablement avec l’âge. L’oxyrrhincus ou esturgeon américain est une variété de cette espèce, ayant 27-29 boucliers, au lieu de 29-36, sur la rangée latérale. Tous deux partagent leur habitat avec le brevirostris, qui ne s’en distingue que par un museau plus obtus, une peau plus lisse et des boucliers moins apparents et moins nombreux ; 8-10 sur le dos, 22-28 sur les côtés, 6-8 sur l’abdomen. Les trois espèces se rencontrent dans les eaux de l’Atlantique, depuis le cap Cod jusqu’en Floride, dans les eaux du fleuve Saint-Laurent, dans celles des grands lacs où elles se mêlent avec l’A. rubicundus ou esturgeon des lacs, ainsi appelé parce qu’il ne descend pas généralement à la mer comme ses congénères. Ses flancs sont rougeâtres, de là, son nom de rubicundus. Il pèse en moyenne de cinquante à cent livres, il vit constamment dans les eaux douces. Assez nombreux dans la vallée du Mississipi, les grands lacs et plus au nord, au Manitoba et dans les Territoires du Nord-Ouest.