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DES POISSONS

cœur. L’eau avalée par le poisson passe à travers les branchies, et sort par les ouïes. L’air, dissous dans l’eau, vient ainsi se mettre en contact avec le sang. Donc, bien que vivant dans l’eau, les poissons respirent de l’air. Si l’on place un poisson dans une eau qui a bouilli, et qui, par conséquent, est purgée d’air, il meurt. Mais, comment se fait-il qu’il meure, au sortir de l’eau, lorsqu’il a de l’air ? C’est que les branchies ont besoin d’humidité pour fonctionner, et lorsqu’elles sont sèches, le poisson ressemble à une personne sans poumons.


DE LEUR REPRODUCTION


Tout poisson naît d’un œuf, mais tous les œufs des poissons n’arrivent pas à maturité ; et c’est bien heureux, car la mer et les eaux douces en seraient infestées, leur nombre se comptant par des mille et des millions.

Les œufs sont jetés par les femelles à certaines époques de l’année variant parfois beaucoup, suivant les espèces de poissons, et quelque peu, parmi les mêmes espèces, suivant la latitude, le climat, les accidents des saisons, la fonte des neiges, le charroi des glaces, les orages, les surprises causées par des obstacles, des chemins interrompus, des cours d’eau déviés, des ombrages disparus, et d’autres circonstances qui déguisent à leurs yeux la patrie, le berceau, et leur font renoncer à la parturition destinée à assurer la perpétuité de leur race.

Les ovaires des femelles ont une position et une forme analogues à celles des laites chez les mâles : ils se remplissent périodiquement d’œufs presque ronds, qui, en grossissant, compriment les organes qui les contiennent ; les femelles cherchent alors à s’en débarrasser, et se frottent ordinairement le ventre contre les pierres et le fond de l’eau, pour faciliter leur sortie : de là viennent, dit-on, les expressions de frai, frayer (fricare, frotter). La ponte achevée, les mâles, attirés sans doute par l’odeur ou la saveur des œufs, viennent les féconder, en répandant dessus leur laite.

La Nature, prévoyante en tout, a donné aux poissons qui fraient en hiver, des œufs plus lourds que l’eau, afin qu’ils puissent aller au fond chercher une température égale et un abri contre les glaces et les crues. Au contraire, les œufs des poissons qui fraient en été surnagent la rivière, sont portés au loin sur les eaux libres de glaçons, et s’attachent aux rivages, aux herbes qui poussent à ce moment, et y reçoivent l’influence de l’air, et de la lumière surtout, qui accélère le moment de l’éclosion.

Les œufs sont entourés d’une enveloppe mucilagineuse extrêmement