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DES POISSONS

quelques espèces toutes voisines de celles-ci, les variations sont déjà si grandes, que le corps très haut et tout à fait comprimé semble appartenir à une autre figure générique ; témoin, la brème si voisine du moxostôme doré (notre pseudo-carpe de France), le pomotis vulgaris — ou crapet mondoux, cousin germain du doré.

Il existe des poissons dont le corps se raccourcit tellement que la hauteur devient beaucoup plus considérable que la longueur ; d’autres sont tout en longueur, comme l’anguille, ou si minces, que desséchés sur une feuille de papier, ils ressemblent à un ruban ; d’autres prennent la forme sphérique, cubique, trièdre, ou à cinq ou six faces. Il y en a de plats et de ronds, de carrés et de pointus ; les uns ont des ailes, les autres des cornes ; ceux-ci, des épées en avant du museau, ceux-là, des glaives en arrière. On en trouve de serpentiformes, d’autres polygonaux ; les uns à peau lisse, les autres avec des écailles énormes, et ces appendices varient par toutes les formes et les couleurs imaginables ; enfin, nous avons les poissons déprimés, comme les raies, dont la forme dessine les lignes les plus capricieuses, et les pleuronectes, à corps comprimé, dont les yeux sont d’un seul côté de la tête, comme le flétan, la plie, et autres.


SQUELETTE DES POISSONS


Le squelette des poissons est osseux ou cartilagineux : il devient même quelquefois tellement mou qu’il se distingue à peine des parties environnantes : aussi, certains de ces animaux forment-ils le passage insensible des vertébrés aux invertébrés.

Les os du corps, même les plus volumineux, n’ont jamais de canal médullaire. Quant aux os petits et allongés, ils prennent le nom d’arêtes — du mot latin arista, barbe d’épi. La colonne vertébrale n’a pas de région cervicale ni de sacrum ; les vertèbres sont toutes articulées, et présentent, sur les deux faces, une cavité conique qui les perfore souvent d’outre en outre.

Les apophyses épineuses sont longues, et les apophyses transverses généralement moins développées. Les côtes manquent quelquefois ; le plus ordinairement elles entourent tout l’abdomen, mais ne se réunissent que rarement en dessous à un os qui représenterait le sternum. De petits stylets qui pénètrent dans les muscles partent souvent des vertèbres et des côtes, de sorte que les poissons, suivant les espèces, ont plus ou moins