Page:Montpetit - Poissons d'eau douce du Canada, 1897.pdf/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
278
LES POISSONS

fois hors de sa terrine, et que deux fois à Batignolles, et une fois à Montrouge, nous la trouvâmes, ma sœur et moi, hors de son réservoir, sur le sable des allées du jardin. Là, elle était sans mouvement, molle, et n’aurait probablement pas tardé à mourir par le dessèchement, si nous ne l’avions pas replacée dans l’eau. Un autre accident lui est une fois arrivé : l’ayant laissée dans une cuisine trop froide, au milieu de l’hiver, je la trouvai, le lendemain matin, toute gelée et prise même dans des glaçons qui couvraient sa terrine ; je réchauffai le liquide glacé en y mettant de l’eau tiède ; bientôt la glace fondit, et petit à petit, le poisson reprit ses mouvements. »


TAILLE DE L’ANGUILLE


Les anguilles, d’après Lacépède, parviennent à une grandeur très considérable ; il n’est pas très rare d’en trouver, en Angleterre, du poids de quinze à vingt livres. Dans l’Albanie on en a vu dont on a comparé la grosseur à celle de la cuisse d’un homme, et des observateurs très dignes de foi ont assuré que, dans les lacs de la Prusse, on en avait pêché qui étaient longues de dix à douze pieds. On a même écrit que le Gange en avait nourri de plus de trente pieds de longueur ; mais ce ne peut être qu’une erreur, et l’on aura probablement donné le nom d’anguille à un congre ou à quelque serpent devin aperçu de loin nageant au-dessus de la surface du grand fleuve de l’Inde.


CŒUR LYMPHATIQUE DE L’ANGUILLE


En 1831, le Docteur Marshall Hall découvrit dans l’anguille l’existence d’un cœur lymphatique situé à l’extrémité de la veine caudale et doué de pulsations très appréciables, analogue à celui qui existe chez la plupart de nos batraciens, nommément le lézard vert (le mouron), le crapaud et la grenouille, ce qui parut anormal chez un poisson. De là vient l’extrême sensibilité de la queue de l’anguille ; de là vient que les pêcheurs frappent sur cette partie de son corps plutôt que sur sa tête quand ils veulent ralentir ses mouvements trop vifs, trop emportés.

Nous nous demandons s’il ne faudrait pas chercher dans cet organe, par l’analyse de ses fonctions à des températures diverses, la cause réelle