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LES SALMONIDÉS

LES SALMONIDÉS



Cuvier avait divisé les salmonidés en dix genres, comprenant un nombre indéfini de variétés ; mais les Américains ont agrandi le tableau jusqu’à lui faire embrasser vingt genres partagés en cent vingt-cinq espèces. Plusieurs de ces espèces, entre autres le microstoma, l’argentina, et l’hyphalonedrus, vivent presque constamment au fond de la mer ; d’autres, désignés sous le nom de poissons anadrômes, quittent périodiquement l’eau salée pour pénétrer dans les eaux douces, où ils vont passer leur villégiature plus ou moins prolongée, et déposer leurs œufs ; le salmo salar et la truite de mer donnent ici l’exemple. D’autres enfin sont sédentaires et ne s’éloignent jamais des lacs et des cours d’eau où ils sont nés ; au premier rang de ces derniers figurent les ombres, les huananish, les namaycush et les corrégones. Vous en verrez qui se plongent dans des abîmes insondables, à des centaines de pieds de profondeur, pendant que d’autres gravissent des montagnes par sauts et par bonds ; il en est qui jeûneront pendant six mois de l’année ; il en est aussi dont la vie est un festin perpétuel ; une truite de bruyère fera la chasse aux mouches, aux araignées, aux libellules ; un namaycush broiera des moules au fond des plus sombres crevasses ; à côté d’un saumon de quarante livres se montre gaillarde et frétillante la truite de ruisseau, de six pouces de longueur, du poids de quelques onces, et déjà chargée d’œufs ; mais tous sont des salmonidés argentés, dorés, empourprés, satinés mouchetés, ocellés, bleus, verts, roses, piqués de vermillon, nuagés de taches sombres, ou gris marbrés de brun, ou noirs lavés d’argent sur les flancs, tous se distinguant par une nageoire adipeuse rejetée en arrière comme un plumet au-dessus de la caudale et à l’opposé de l’anale. Le même appendice existe chez nos siluroïdes, mais ces derniers sont si faciles à reconnaître que ce trait reste caractéristique quand même des salmonidés. De LaBlanchère en parle comme suit :

« Le genre des salmonidés constitue une famille extrêmement naturelle, d’une organisation parfaitement similaire dans chacune des espèces, et devant, par conséquent, répondre, par son adaptation