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LE SALMO SALAR ou SAUMON COMMUN

LE SALMO SALAR ou SAUMON COMMUN


Le Salmo Salar. — The Salmon. — Le Saumon Commun. — Le Saumon de l’Atlantique..


Le salmo salar ou saumon commun de l’Atlantique est le plus anciennement et le plus universellement connu de tous les salmonidés, famille royale de poissons à laquelle il a donné son nom. Quoique étranger au bassin de la Méditerranée, dont les eaux trop salées lui répugnent, il était déjà connu à Rome du temps de Pline : plus tard, Ausone le célébra devant les gourmets de son temps en vers si enthousiastes que l’eau leur en vint à la bouche. Les noms de parr, smolt, grilse, kipper, représentant ce poisson à diverses phases de sa vie, sont d’origine saxonne, preuve qu’il était bien connu par les peuples de cette race. Il abondait tellement dans certaines contrées de France, d’Allemagne et en Écosse, au moyen âge, que les serviteurs et les apprentis stipulaient dans leur contrat d’engagement qu’on ne leur donnerait à manger de la chair de poisson rouge qu’une seule fois par semaine. Est-il besoin de dire que le poisson rouge en question était le saumon, en partie disparu, en partie végétant dans ces mêmes provinces, sauf en Écosse où, après une absence prolongée, il a repris ses droits et sa fortune d’antan, grâce à une organisation et à des lois d’une prudence incomparable, grâce surtout au culte que tout bon et loyal Écossais a voué à ce poisson, au respect dont il entoure les eaux qu’il habite. Une rivière à saumon comme la Tay ou la Spey est plus vénérée par un Écossais que ne l’est le fleuve sacré du Gange par un Hindou.

Comment le saumon d’Europe disparut-il presque soudainement ? Par un préjugé répandu pendant longtemps, que ce poisson donnait la lèpre à ceux qui en mangeaient. Comment est-il revenu en faveur ? Partie par le bon sens, par l’observation, par la science raisonnée, partie aussi par l’engouement que suscita la découverte de Rémy et Gehin, dans les hautes sphères de la société européenne. M. Coste s’étant constitué l’ardent propagateur de l’invention de la pisciculture, réussit à faire partager son enthousiasme. Pendant plus de quinze ans il fut de bon genre de s’occuper de pisciculture — les hommes d’affaires dans leur