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LES POISSONS

cement ses nageoires, puis tout à coup elle fond comme une flèche, soit qu’elle aperçoive une proie, soit qu’elle veuille se dérober ; lorsqu’elle a choisi une retraite, adopté une place, il est rare qu’elle n’y retourne pas ; la truite est, en effet, un animal d’humeur farouche et d’une prudence extrême. Ce poisson chemine en aval du courant de deux manières différentes, en se laissant lentement entraîner, la tête dirigée contre le courant, ou bien il fond à travers l’eau avec une telle rapidité que la vitesse de sa course dépasse de beaucoup celle du courant. Tant qu’elle est calme, la truite est toujours aux aguets, surveillant avec la plus grande attention tout ce qui se passe autour d’elle ; si un insecte, gros ou petit, s’approche de l’endroit où elle se tient, elle reste immobile jusqu’à ce que sa proie soit à portée ; par plusieurs coups vigoureux de sa nageoire caudale, elle se jette alors sur sa proie et la déglutit. Lorsqu’elle est jeune, la truite fait la chasse aux vers, aux insectes et à leurs larves ; plus âgée, elle s’attaque aux poissons, à leurs œufs, car elle est très vorace ; la truite se nourrit également d’éphémères et de phryganes qu’elle saisit avec adresse lorsqu’elles voltigent auprès de la surface de l’eau.

Pour la truite de nos lacs, l’été s’est écoulé dans une noce perpétuelle, dans des jouissances sans cesse renouvelées, toujours vives autant que variées. Gourmande, elle trouve à sa portée, dans le cristal des eaux, des mets abondants et savoureux sous toute forme.