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DES POISSONS


DE LA VESSIE NATATOIRE


Outre la vessie qui sert de réceptacle à l’urine, la plus abondante de leurs secrétions, les poissons en ont une autre, dite vessie natatoire, qui est une espèce de poche membraneuse, placée dans l’abdomen, sous l’épine dorsale : elle communique à l’estomac ou à l’œsophage par un conduit qui lui permet de se vider de l’air qu’elle contient et qui paraît être une sécrétion de ses parois.

Dans tous les poissons où elle existe, si, au moyen d’une aiguille, on vient à la percer, sans blesser trop l’animal, on enlève à celui-ci la possibilité de s’élever dans l’eau, à moins qu’il ne soit doué de nageoires fortes et très étendues ; mais encore, dans ce cas, il n’y reste pas longtemps, et l’on voit combien cette position lui devient pénible et fatigante.

Aucun organe des poissons n’est plus variable de forme, de taille, de position dans le corps, d’une espèce à une autre. Dans les espèces voisines, l’une a une vessie, l’autre n’en a point : le maquereau n’en a point, pendant que ses cousins germains, les sébastes, en sont pourvus.

On a pensé, dit de Humboldt, que la compression plus ou moins grande des côtes réagissait sur cet organe, et sans changer sensiblement le poids absolu du poisson, lui faisait acquérir un volume différent ; sa pesanteur spécifique étant ainsi sujette à varier, lui donnait la facilité de descendre et de monter dans l’eau. Mais si l’on examine, dans un poisson d’eau douce quelconque, l’articulation des côtes sur la colonne vertébrale et la disposition des muscles, on verra que la cavité abdominale ne peut pas changer de forme par l’élévation ou l’abaissement des côtes : la vessie ne peut pas plus se comprimer qu’elle ne peut se dilater. Ce qui le prouve, c’est qu’on peut enlever la vessie natatoire d’une tanche, et qu’elle nage aussi bien et aussi facilement après l’opération qu’avant. On peut vider la vessie d’un goujon, d’un gardon, et ils continuent à se tenir en équilibre dans l’eau, exactement comme les individus de la même espèce dont la vessie est remplie de gaz : ce qu’il faut attribuer à la force vitale de l’animal.