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LES POISSONS

LIGNE POUR LA PÊCHE AU LANCER


L’observation la plus superficielle permis à tous les pêcheurs de constater que la truite et les autres poissons de surface s’emparent avidement de tous les insectes qui approchent de la superficie des eaux. De là est venue l’idée de garnir son hameçon d’un insecte et de le laisser tomber sur l’eau… d’où est venue la pêche à la mouche naturelle volante, à la surprise… mais on s’est très vite aperçu que si ces pêches réussissaient, c’est que la première se faisait du haut d’un pont ou d’un obstacle, la seconde de derrière les plantes du rivage… dans l’un et l’autre cas, parce que la ligne tombant perpendiculairement à l’eau ou à peu près, le poisson ne pouvait soupçonner la couverture de l’hameçon par un appât.

Or rien n’est subtil comme la vue et agile comme la défiance du poisson de surface. S’il aperçoit le fil qui va de l’appât au pêcheur, il restera sourd à l’appel de la meilleure esche et gobera, à côté, le premier insecte tombé, dès qu’il sera sûr qu’il ne cache aucun piège !…

Remarquons que les plus gros poissons habitent le plus loin possible du rivage. Si vous jetez vers ce point votre ligne amorcée d’un hanneton, d’une sauterelle, tout d’abord le fil se verra dans l’eau, puis l’insecte se détachera bientôt et, sautant au loin, sera happé prestement par le premier rôdeur de ces parages.

Il faut donc s’arranger pour que l’hameçon tombe perpendiculairement au plan de l’eau ou, du moins, sous un angle assez grand pour que la florence sur laquelle il est monté ne soit pas vue trop facilement du poisson. Mais, dans la pratique, une autre et non moins grave difficulté se présente. Pour maintenir l’esche dans la position voulue, il faudrait que le bout du scion fût très élevé, de manière que la canne fît avec la ligne un angle de 40 à 50 degrés, au lieu de 90 qui est l’angle moyen de la pêche à la ligne. Par conséquent, la base du triangle, c’est-à-dire la distance entre le pêcheur et le poisson, se raccourcirait, et l’on se heurterait à deux inconvénients : pêcher trop près du bord pour ramener de belles pièces, et découvrir trop le pêcheur, ce qui ferait fuir les pêchés aussi vite et aussi loin que le fameux chien que tout le monde sait.

Le remède est facile, allonger la canne jusqu’à 5, 6 et même 7 mètres, lui attacher une ligne plus longue de 10 mètres, et, avec cet engin, le pêcheur enverra dans de bonnes conditions son insecte naturel à 9 ou 10 mètres de lui. Autre inconvénient : la canne de 6 à 7 mètres faite,