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DES POISSONS

« Le 26 juin, deux vérous furent placés dans une aiguière de faïence blanche. Leurs couleurs étaient très vives, le dos était d’un brun noir, la partie supérieure des côtes était marquée de bandes noires sur un champ d’argent, avec des reflets violets et dorés. Le lendemain, il trouva les poissons presque incolores ; le dos était d’une légère teinte de sable, les barres sur les côtes avaient entièrement disparu, les flancs et le ventre étaient presque d’une seule couleur, son blanc argenté avait une légère nuance de bleu.

« Le 28, le corps des poissons parut légèrement translucide, de sorte qu’on pouvait distinguer clairement sur le dos les racines du muscle, aussi bien que le vaisseau qui les intersectait. Le museau et le sommet de la tête étaient aussi transparents qu’à l’ordinaire. Le lendemain, ils furent replacés dans le vase en verre, autour duquel M. Stark avait étendu un mouchoir de soie noire.

« Le 30, il enleva ce mouchoir, plaça le globe sur un drap noir et l’exposa à la lumière, mais non à portée des rayons du soleil. Après avoir été exposé quelques heures à l’action du jour, les poissons avaient repris beaucoup de leur couleur originelle. M. Stark les remit alors dans l’aiguière blanche : quelques heures après ils avaient reperdu leurs couleurs, ils étaient entièrement pâles et d’une teinte sablonneuse ; ils restèrent dans cet état, sans aucune variation, environ une semaine ; l’aiguière était tenue tout le temps dans un coin obscur de l’appartement.

« Le 17 juillet, les vérons furent transvasés dans une jarre de terre vernie. En cinq minutes, les taches noires commencèrent à reparaître sur le dos, et, en moins de quinze minutes, les poissons avaient perdu leur transparence. Cinq heures après, les vérons se montraient d’un gris marbré et d’une couleur brune, avec les nageoires d’une teinte bleue. Le 18, les nuances du dos tournaient au noir, si bien qu’on les distinguait difficilement de la couleur de la jarre ; les nageoires pourprées inclinaient vers le bleu. On laissa les vérons tranquilles jusqu’au 21 : alors on couvrit intérieurement le fond de la jarre et les côtés, à la hauteur de 2 pouces, avec des feuilles d’étain ; puis on replaça les poissons dans la jarre, et on les laissa, comme auparavant, dans l’ombre.

« Le lendemain on observa qu’un des vérons, qui s’était tenu au fond du vase près des feuilles d’étain, avait beaucoup perdu de sa couleur noire. Son dos se montrait d’une couleur bleuâtre qui passait à l’argent sur les côtés, sans aucune apparence de bandes obscures. L’autre véron, qui s’était tenu en haut sur le côté de la jarre qui n’était point recouvert d’étain avait, au contraire, conservé sa couleur et ses marques originelles. On enleva alors les plaques d’étain, et en quelques heures les deux poissons se montrèrent, comme auparavant, colorés l’un et l’autre en noir.