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DES ENGINS DE PÊCHE

d’elles. 6 mètres en 4 bouts de lm,5 sont plus embarrassants, dans certains cas de transport par voiture, que 5 bouts de 1m,20, etc. D’un autre côté, quand la longueur de la canne ployée n’est pas un obstacle, il faut remarquer que la meilleure de toutes est celle en 4 bouts de lm,70. C’est celle que nous préférons, et voici pourquoi : elle est assez longue, et, quoique légère, assez lourde pour occuper les bras du pêcheur à la mouche ; diminuée d’un bout, celui du bas, elle donne encore une longueur de 5m,10, formant une excellente canne pour la pêche au coup, etc., et qui devient alors très portative.

Pour la pêche à la mouche, on se sert de 4 morceaux, dans un fleuve ou dans un étang, de 3 dans une rivière, et de 2 dans un ruisseau : souvent de 4 dans celui-ci, pour la pêche à la surprise, où l’on se tient alors si loin du cours d’eau, que l’on a l’air de pêcher dans le pré, mais où l’on fait ainsi des captures magnifiques. Ces petits ruisseaux renferment souvent de belles pièces, qui ne peuvent, à la distance de 5 à 6 mètres, entendre les pas ni voir les pêcheurs, deux causes de succès gagnées par ce système.

Nous avons dit, en commençant cette viie division, que les cannes marchandes avaient besoin d’être complétées ; nous allons maintenant expliquer en quoi consiste ce travail.

Le roseau plie et ne rompt pas, dit le bon Fabuliste ; c’est vrai du roseau vert qui se balance dans le marais, mais ce n’est plus vrai du roseau sec qui arme la main du pêcheur. Chaque nœud est un endroit faible, qui, quelquefois, se détache tout à coup ; chaque entre-nœud peut se fendre ou se ployer comme un rouleau de papier, une moitié dans l’autre. Il faut éviter cela au moyen d’une bonne ligature faite entre chaque nœud ; c’est long, mais c’est sûr. Il ne faut cependant pas employer de la corde trop grosse : la meilleure est un fin cordonnet de soie avec lequel on fait les lignes fines, et qui est à peu près de la grosseur du cordonnet qui sert à faire les ouvrages au crochet ; il est beaucoup plus tordu que celui-ci, mais, à son défaut, l’autre peut le suppléer, la couleur n’y fait rien.

Quand la ligature est bien faite, elle est plus facile à faire en cirant seulement le cordonnet ; on l’imbibe de vernis au moyen d’un petit pinceau, et on laisse sécher. En recommençant deux ou trois fois cette opération, on finit par recouvrir chaque ligature d’un anneau de substance imperméable et solide, qui rend le tout inattaquable à l’eau. Si la canne se brise à un nœud, il n’y a qu’un remède, c’est de remplacer le morceau entier, la forme du roseau en lui-même s’opposant absolument à ce qu’on puisse mettre une virole solide entre deux parties contiguës. En regardant en effet chaque nœud on s’aperçoit d’abord qu’il est saillant comme une bague, puis, qu’il est suivi, de chaque côté,