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LES POISSONS

tomne, il ne remonte pas les rivières, et quoiqu’il soit reconnu qu’il habite quelques petits lacs de l’intérieur en connexion avec les principaux lacs par des rapides, on n’a jamais remarqué qu’il en ait été vu ou qu’il en ait été pris dans les décharges.

Dans les parties nord du lac Michigan on les prend à des profondeurs de quinze brasses, en petit nombre, dans des filets à mailles, et en plus grand nombre, en hiver, à travers la glace, principalement à une profondeur de plus de trente brasses.

Ce n’est pas chose rare pour une truite des lacs d’avaler un poisson presque aussi grand qu’elle-même. Il en fut capturé une, un jour, à Deux-Rivières, Wis., de la bouche de laquelle sortait quelque chose comme trois pouces de la queue d’un poisson (lota maculosa) avalé par elle. Le poisson avalé ayant été retiré de la bouche de la truite, mesura environ dix-sept pouces.


« Leur excessive voracité, écrit M. Milner, les induit à se remplir la bouche d’une nourriture étrange. Ils s’attachent parfois à la marche d’un steamer et dévorent les restes de la cuisine qui leur sont jetés ; et j’ai moi-même enlevé de l’estomac d’un de ces poissons, une pomme de terre crue, des intestins de volaille, et même des morceaux d’épi de maïs encore verts. »


Ni la truite de Mackinaw, ni le siscowet ne sont des poissons sportifs d’un grand mérite, quoique le dernier morde au trolling, pourvu que la mouche soit de couleur vive ou que la ligne soit eschée d’un minnow ou munie d’une cuiller bien ornée. Elle ne saute pas comme la truite de bruyère, et elle lutte avec peine et lourdement. On la capture également à la ligne de fond dans des endroits préalablement appâtés. Les sauvages du Sault-Sainte-Marie sont très habiles à harponner les truites de Mackinaw à travers la glace, en les attirant au moyen de leurres figurant des poissons de bois et de plomb. Mais le plus grand nombre de ceux qui sont capturés en septembre, octobre et novembre sont pris dans des rets à mailles et des mandragues.

Le professeur Adams fait une peinture curieuse des mœurs du togue, habitant du lac Supérieur et du lac Michigan. « Il fréquente, dit-il, les hauts-fonds, pour se nourrir de truites, d’éperlans et d’autre menu fretin. De fait, c’est l’éperlan qui fait sa principale nourriture, en hiver. Il consomme aussi beaucoup d’anguilles et de cyprins ; et en réalité, c’est un tyran d’un appétit si vorace que l’on trouve constamment dans son estomac des quantités de branches, de feuilles, et des fragments de bois. Ce monstre énorme s’attaquera parfois à un engin de pêche, mais d’une manière si lente, si lourde, que le pêcheur peut croire qu’il a