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LA TRUITE DES LACS

espèce de truite des lacs, différente du siscowet, sur la rive sud du lac Supérieur, appelée « la Mucqua » ou « la truite de l’ours ».


M. Robert Ormsby Sweeny, président de la Commission piscicole du Minnesota, par une lettre datée de Saint-Paul, du 19 octobre 1880, donne les informations suivantes sur le siscowet, qui sont plus précises et plus complètes que tout ce qui a été publié jusqu’ici.


« Non seulement je me suis contenté d’examiner moi-même, avec soin, le siscowet, et de comparer ses attributions avec les formules d’Agassiz, mais de plus j’ai consulté des commerçants, des voyageurs, des sauvages, et des sang-mêlés, et des pêcheurs, au sujet de ses mœurs, de sa taille, de sa coloration, de son poids, etc, et tous en sont venus à la même conclusion. Le siscowet ne saurait être un namaycush ni être considéré comme tel. Le mot siscowet vient de la langue ojibewa, et signifie littéralement il se cuit lui-même. À l’état frais, ce poisson est délicieusement riche, ayant le goût du ventre du maquereau. Le namaycush est sec et manque de saveur, et ne peut même pas être rôti, sans lard ou sans saindonx.

« L’amateur peut être porté à confondre le namaycush avec le siscowet, mais du moment que la différence entre eux est signalée, il n’y a plus à se méprendre sur les deux. Le pêcheur les distingue avant de les tirer de l’eau, lorsqu’ils s’agitent dans les rets ; le jeune sauvage les reconnaît à première vue. La tête est différente de poids et de forme ; il en est de même de la coloration et de toute la conformation osseuse. Le namaycush ne fraie qu’à l’automne et ne commence à frayer qu’en octobre. Il ne donne qu’un demi-million d’œufs, pendant que le siscowet fraie constamment, ou du moins, au dire des pêcheurs et des sauvages, on trouve en tout temps de l’année des femelles de siscowet œuvées. J’ai cru d’abord que cela était exagéré, mais j’en ai eu le témoignage de la part de tant de personnes de bonne foi qu’il m’a fallu m’y rendre. On en trouve rarement dans la partie basse du lac. Ils deviennent plus communs, en se rapprochant de La Pointe, et c’est près de l’île Royale et de la rive nord qu’il s’en trouve le plus ; cependant, c’est un poisson comparativement rare. Ils sont fort estimés et acquièrent un prix élevé, et nous ne pouvons guère nous en procurer qu’en hiver et à l’état frais et gelé. Il arrive rarement qu’un siscowet pèse plus de trente livres et mesure plus de trente-six pouces de longueur, d’après ce que disent ceux qui connaissent bien les poissons du lac. Je tiens des mêmes autorités qu’un namaycush peut atteindre ce poids.


Au dire de Thaddeus Norris, la truite namaycush fraie le long des rives des lacs, au mois de novembre ; mais il ne s’est jamais rendu compte