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LES POISSONS

des raisons qui attiraient ce poisson dans les eaux aérées de l’embouchure des ruisseaux, si ce n’est en vue d’y déposer ses œufs. Considérant qu’il atteint, à son avis, le poids de cent livres et plus, il y a lieu de croire qu’il est d’une croissance rapide, quoique nous n’ayons aucun moyen raisonnable d’établir quel développement il acquiert dans un temps donné.


« En revenant du Sault-Ste-Marie, en juillet 1844, dans un bateau de Mackinaw, en usage à cette époque, l’auteur tendit deux lignes munies de deux forts hameçons Kirby 00 et amorcés, l’un, d’un chiffon blanc. et l’autre d’un morceau de ma chemise de flanelle rouge, et il piqua diverses truites de la taille susmentionnée qui crochirent ces hameçons ou rompirent les lignes ; il y eut une seule exception, ce fut celle d’une petite truite de huit livres, qui était jeune, à en juger par la blancheur de sa chair, telle qu’elle nous apparut après qu’elle fut rôtie.


LE TOULADI, ou TULADI, ou TOURADI


En parcourant le rapport de l’arpenteur A. P. Low, que le gouvernement d’Ottawa vient de publier sur l’exploration de l’intérieur du Labrador canadien, opérée durant les quatre années 1892-93-94-95, nous constatons dans les sources lacustres des grandes rivières tributaires de la baie James, de la baie d’Ungava, et du golfe Saint-Laurent, l’existence de la truite grise ou de la truite des lacs, sur une série de hauteurs non interrompue, depuis les rameaux du Hamilton Inlet jusqu’aux sources de la Peribonca, tributaire du lac Saint-Jean. Du lac Saint-Jean jusqu’à Québec, et de Québec jusqu’au lac Témiscamingue, le touladi suit une équerre brillante de vasques couronnant les Laurentides ou suspendues à leurs flancs. Vous voyez là-bas le lac Népigon, formant avec nos six autres lacs géants, la Méditerranée du nouveau monde. Aucune autre pièce d’eau ne lui est comparable en beauté, et surtout pour la quantité et la taille de ses truites grises. Passé le lac la Pluie, dans la seule province du Manitoba, vous ne comptez pas moins de sept cents lacs, dont une moitié au moins est peuplée de poissons blancs et de truites grises. Peut-être n’y en a-t-il pas autant dans les provinces d’Assiniboia, d’Alberta, de Saskatchewan et de Keewatin ; mais encore méritent-elles un intérêt plus qu’ordinaire, lorsqu’on songe que ces provinces improvisées ont une contenance de près de deux millions de milles carrés[1] et qu’elles sont arrosées, et partout peuplées de poissons, dans une proportion équivalant d’assez près à la condition de la province du Manitoba.

  1. Soit quatre fois la superficie de la France.