Page:Montpetit - Poissons d'eau douce du Canada, 1897.pdf/479

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
453
LES SALMONIDÉS DE LA COLOMBIE

LES SALMONIDÉS DE LA COLOMBIE


La faune américaine est, comme sa flore, d’une très grande variété, qui répond à l’infinie diversité des conditions du sol et du climat ; oiseaux, poissons, amphibies, reptiles, insectes de tout genre sont représentés en multitudes. La proportion des mammifères est aussi très considérable, mais les grandes espèces que possèdent l’Afrique et l’Asie n’ont point leurs pareilles en Amérique ; les naturalistes du dix-huitième siècle avaient déjà remarqué que dans le monde le plus étroit les animaux ont de moindres dimensions. L’Amérique eut le mastodonte, à une époque géologique récente ; aux âges tertiaires, les monts Rocheux eurent aussi leurs prodigieux dinocérates ; mais actuellement, le nouveau monde n’a point de quadrupède que l’on puisse comparer à l’éléphant, au rhinocéros, à la girafe ; pourtant, il a parmi ses fauves, des bêtes de forte taille, telles que l’ours blanc polaire et l’ours gris des montagnes Rocheuses, l’orignal et le caribou du Canada, le jaguar de l’Amérique tropicale, désigné ordinairement par les indigènes, de même que la panthère, sous le nom de « tigre. » C’est que, en effet, des espèces distinctes représentent le même type en deux milieux différents ; on a pu dire aussi de la vigogne, qu’elle est le chameau de l’Amérique, et du nandou, qu’il en est l’autruche. Le continent du sud contraste avec celui du nord comme centre de création ; il possède un très grand nombre de femelles animales qui ne se trouvent point dans l’Amérique du Nord.

Il n’a pas moins de 2300 espèces d’oiseaux, pendant que l’Amérique septentrionale en a 700, trois fois moins ; pour les poissons, le contraste est encore plus frappant ; les eaux américaines du nord ressemblent à celles de l’Afrique et de l’Asie, pour leur faune ichtyologique. Les espèces particulières à l’Amérique méridionale se comptent par milliers. Agassiz en a recueilli deux mille dans le seul bassin de l’Amazone ; un seul lac en possède autant que l’Europe.

Il faut bien convenir qu’entre tous les pays, et même entre toutes les provinces du Canada, la Colombie est loin de briller par le nombre d’espèces de ses poissons. En revanche, ses lacs et ses rivières, tant vastes qu’ils soient, débordent des espèces qui les habitent. Et ces espèces