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LES SALMONIDÉS DE LA COLOMBIE

New-Westminster, 16 novembre 1891.
M. John McNab,
Inspecteur des pêcheries de la Colombie Britannique.


Cher Monsieur,

En réponse à votre demande du 3 du courant je me fais un plaisir de vous transmettre les renseignements que j’ai reçus concernant le saumon durant ma dernière visite à Lilloet et au lac Seton.

Le lac se décharge dans un cours d’eau appelé rivière Seton, qui peut avoir un mille de long, de là dans le creek Cayouse, sur un parcours de deux milles, jusqu’à la rivière Fraser.

À l’époque de ma visite, ces cours d’eau étaient à leur hauteur normale. Quelques sauvages étaient alors occupés à capturer du saumon avec des parcs en rets, pour leur approvisionnement d’hiver, et j’ai examiné ce poisson très attentivement. C’était du saumon sockeye, presque tout composé de femelles ne portant pas d’œufs ; ce poisson était très maigre et décoloré, et quoique très abondant, semblait faire des efforts pour atteindre le lac.

Il y avait une masse de saumon à bosse en état de décomposition, et j’ai appris de M. H. Keary que ce poisson avait commencé à monter vers le 15 septembre, et qu’il cessa vers le 1er octobre. Il y a eu une grande migration de ce poisson, plus qu’ordinaire cette année. Comme vous savez, c’est le 6 ou 7 septembre qu’on a remarqué ce poisson en abondance dans le bas de la rivière Fraser, et sa merveilleuse rapidité à remonter à travers les canons, les rapides de la rivière Fraser est ainsi bien clairement établie. Le quinnat ou saumon de printemps se dirige vers le lac, en quantité indifférente, depuis mai jusqu’à juillet, alors que le sockeye fait son apparition, et continue à monter jusque vers la fin d’août. La seconde migration d’automne du sockeye, ainsi que j’en ai fait l’observation, n’a lieu que tous les quatre ans, et après que le saumon à bosse a disparu ; cette année-là est finie. Ce poisson est inférieur en qualité et en apparence à celui de la migration régulière d’été du sockeye.

La décharge du lac Seton dans la rivière Seton est étroite, peu profonde et assez rapide. Les sauvages s’y rassemblent et en tirent d’immenses quantités d’alevins de sockeye dans le mois de mai, alors que ce poisson quitte le lac, probablement pour s’en retourner à l’eau salée. Ils sont sécher ces alevins au soleil, et les emmagasinent pour l’hiver. L’agent des sauvages de ce district, le capitaine Mason, a bien voulu m’en procurer quelques-uns. Ce poisson mesure environ quatre pouces et demi de long, en moyenne, sur une grosseur en proportion. On m’a dit que l’agent essayait de convaincre les sauvages des conséquences désastreuses de la destruction en gros de ce poisson, et les a avertis d’avoir à abandonner cette pratique, dans leur propre intérêt ; il espère que ce sera fait. Je me suis informé de plusieurs personnes du voisinage, de la quantité d’alevins qui quittaient le lac, ce qui arrive, dit-on, lorsque la crue des eaux du printemps est bien diminuée ; tous s’accordent à dire