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DES POISSONS

pendant plusieurs heures, et sans se montrer à la surface de l’eau. « La vibration de leur chant, dit le voyageur, produit un son aérien qui semble tenir du mystère. »

Le Sheepshead ou malachigan de l’Amérique du nord équivalant au maigre des eaux douces, en Amérique, donne fréquemment des fêtes aux moules, dans nos grands lacs, au son du tambourin. Nous le décrirons bientôt.


INTELLIGENCE DES POISSONS


Grand nombre d’auteurs ont écrit sur l’esprit des bêtes : presque tous ont oublié de faire valoir l’intelligence des poissons. Il est des bêtes douées d’un merveilleux instinct qui leur fait exécuter des travaux étonnants : tels sont certains oiseaux dont les nids sont de vrais palais suspendus sur des chaînes de verdure et de fleurs : les abeilles, les thermites, qui bâtissent des villes plus belles, autrement grandioses et ordonnées que Palmyre ou Thèbes aux cent portes ; les plus habiles ouvriers trouveraient ici des maîtres : tels sont encore les castors, à la fois ouvriers, maçons, hydrographes, ingénieurs des ponts et chaussées, et architectes incomparables.

Et pourtant, ces bêtes-là, quoique possédant d’admirables facultés, sont moins susceptibles d’éducation que d’autres qui leur paraissent inférieures par leurs travaux. Un oiseau qui apprend la musique, un cheval de manège ou de cirque qui obéit au geste, à la voix de son maître, un chien qui paraît deviner sa pensée, qui se fait esclave ou tyran, gourmet de caresses fines ou suppliant sous le fouet, chasseur avec Endymion, sauveteur avec les Pères du mont Saint-Bernard ; un éléphant qui se laisse conduire par un fil, qui va racoler ses frères dans les jungles pour les amener en servitude, qui se fait bûcheron à Ceylan, ont un tout autre mérite. Ces bêtes-là apprennent quelque chose tous les jours ; partant, on peut les considérer comme des bêtes d’esprit.

Que l’homme acquière de l’empire sur les oiseaux, les chevaux, les chiens, les éléphants, les singes, les lions, les tigres mêmes, on ne s’en étonne pas, parce que ces animaux vivent sur terre ou dans l’air ; qu’ils sont à sa portée, qu’il peut s’en servir, les capturer, les plier à sa volonté, soit par la force, les privations, les châtiments, soit par la douceur, les caresses ou la satisfaction de leurs appétits. Avec de l’esprit d’observation, de l’énergie, de la patience, on peut réussir à dompter les serpents,