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LE GRAND-NORD

LE GRAND-NORD



D’après Élisée Reclus, les limites officielles des territoires du nord n’ont, à l’intérieur, aucun rapport avec le relief de la contrée, et d’ailleurs, elles ne sont tracées que provisoirement, dans l’attente de changements ultérieurs. Un seul district administrativement constitué, l’Athabaska, a été taillé dans cet espace immense, et, comme il est d’usage en Amérique, il a reçu pour frontières des lignes géométriques tracées suivant les degrés de longitude et de latitude, si ce n’est à l’est, où le cours de l’Athabaska, puis celui de la Grande-Rivière des Esclaves en forment la limite. Mais en dehors de ce district, le territoire du Grand-Nord comprend encore officiellement toute la partie des montagnes Rocheuses comprise entre l’Alaska et la Colombie anglaise, puis au nord et à l’est tous les espaces que contournent l’océan Glacial et la mer d’Hudson ; au sud-est, il confine, sans ligne officielle de partage, au territoire non encore organisé de Keewatin. L’immense domaine, auquel on ajoute les archipels polaires, comprend plus de la moitié des espaces appartenant à la Puissance. Mais si l’on prend la contrée dans ses limites naturelles, c’est-à-dire en laissant à l’Alaska le bassin du Youkon et au Manitoba le versant de la mer d’Hudson, l’ensemble des terres canadiennes qui épanchent leurs eaux dans l’océan Glacial, présente une surface d’environ 2,500,000 kilomètres carrés, soit cinq fois la superficie de la France. Quinze mille habitants au plus, blancs, indiens et esquimaux, telle est la population ; c’est-à-dire que le pays est désert, dans presque toute son étendue.

« Quoique bien rarement visitées, les côtes de l’Amérique du Nord, tournées vers les mers glaciales, ont, comme les îles polaires, raconté aux explorateurs qu’un changement s’est accompli, depuis les temps anciens, dans la position relative des rivages. Ceux-ci se sont exhaussés, à moins que la mer n’ait reculé vers le nord. À l’ouest de l’estuaire de la Coppermine River, Franklin a recueilli des bois de dérive apportés par les eaux marines, et se trouvant bien au-dessus de la limite actuelle du flux de marée. À l’est de la Coppermine, Richardson observa le même phé-