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LES EAUX DU GRAND-NORD

LES EAUX DU GRAND-NORD



La principale richesse du Grand-Nord ne vient pas de la terre mais des eaux. La rivière de la Paix a bien sa vallée ouverte au soleil, aux courants d’air de l’océan Pacifique, la généreuse vallée qu’elle arrose produira des blés et d’autres céréales ; quand le dernier buffalo aura disparu de la forêt, elle substituera le bœuf domestique au bœuf sauvage, mais elle ne pourra nourrir, en fin de compte, qu’une mince population, pendant que les poissons des rivières, des lacs et des mers du Grand-Nord pourront suffire à l’entretien de peuples nombreux, les nourrir et même les enrichir. Ce n’est pas en vain que l’Athabaska, né d’une mare purgitante, au pied du mont Brown, sur les confins de la Colombie, fait le tour de lacs innombrables, qu’il les descend, les pousse, les entraîne depuis le petit lac de l’Esclave jusqu’au grand lac l’Athabaska, depuis le grand lac Athabaska jusqu’au grand lac l’Esclave, depuis le grand lac l’Esclave jusqu’à l’océan Arctique, sous les noms tour à tour, d’Athabaska, de la rivière de l’Esclave, qu’il devient, sous le nom de Mackenzie, le fleuve-roi qui reçoit les tributs de la Méditerranée arctique, de la rivière de la Paix, de la rivière aux Liards, après avoir trinqué sur le plateau des montagnes Rocheuses, avec le Fraser, la Colombie, la Skeena et le Youkon dans les coupes d’or de l’Ominica et de la Kolondyke.

Qui nous dira où sont les eaux du monde plus riches en poissons que celles du bassin du Mackenzie et du Grand-Nord ? N’avez-vous pas là le poisson-blanc, l’atikkamek, cher au Peau-Rouge, qui le mange en corbeau. Tendez vos filets dans les lacs de l’Athabaska, de l’Ours et le grand lac de l’Esclave, et vous y prendrez des Poissons-Blancs de quinze livres, et des truites grises de plus de cinquante livres.

— Vous n’avez pas de saumons, me direz-vous ?

— Pas de saumons, j’en conviens, mais que dites-vous du poisson bleu et de l’inconnu ?

— Le poisson-bleu n’a pas son égal comme poisson sportif et comme mets succulent ; l’inconnu arrive à vingt-cinq et trente livres ; il fait l’honneur du Mackenzie et de ses tributaires, mais ce n’est pas un saumon