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DES POISSONS

La perche d’eau douce est affectée, durant les mois caniculaires, d’un ver grouillant auquel le docteur Nordmann donne le nom de peste de la perche. Ce parasite s’attaque également à l’achigan et au doré ou sandre. D’ordinaire, il établit son domicile dans l’intérieur de leur bouche, où il se fixe au moyen d’un suçoir destiné à cet usage. Ce suçoir s’implante si avant dans la membrane muqueuse, que, non seulement l’animal ne peut s’en dégager, mais qu’on ne peut extraire ce corps étranger, de vive force, sans rompre ce qu’on appelle le bras du suçoir.

Ces fléaux de la perche se trouvent à leur tour soumis aux incursions et aux tracasseries d’un autre animalcule plus petit qu’eux-mêmes : une mince espèce de mite, un infusoire du genre vorticella en fait sa proie.


CLASSIFICATION DES POISSONS


Pour faciliter l’étude des poissons, les ichthyologistes les ont groupés par classes, sous-classes, ordres, familles, genres, sous-genres, espèces, variétés. Linnée les avait divisés en six ordres, que Cuvier redistribua en neuf ordres, sans avoir pu réaliser le quid desideratum auquel aspirait son génie. Divers savants venus depuis ont modifié sa méthode, entre autres Agassiz, en 1833 ; J. Müller, en 1844 ; Charles Bonaparte, en 1850 ; C. Duméril, en 1856. Les professeurs américains, en particulier ceux du Smithsonian Institute, se targuent d’avoir perfectionné de beaucoup le système de Cuvier. Je décline humblement l’honneur de me prononcer dans cette cause. Ici, la science marchera longtemps à tâtons, appuyée sur le bâton de l’expérience, avant de fixer les groupes d’une manière invariable. Encore faut-il se tenir au courant des méthodes nouvelles, savamment édifiées, du reste. Il n’est plus permis, désormais, d’ignorer les quatre grandes classes d’animaux marins et aquatiques déterminées par le professeur Gill, savoir : 1o les leptocardiens ; 2o les marsipobranchiens ; 3o les élasmobranchiens : 4o les pisces ou poissons proprement dits, qui sont le sujet de ce livre. Ce dernier groupe comprend la plus grande partie des poissons modernes et correspond aux téléostes, aux ganoïdes et aux diptoïdes des auteurs contemporains. Les poissons proprement dits se divisent, d’après les meilleurs ichthyologistes américains, en quatre séries ou sous-classes : chondrostei, holostei, physostomi, et physoclisti ; le premier et le second comprenant presque tous les ganoïdes de Müller, le second et le troisième, les téléostes. Il existe une grande différence dans l’importance de ces groupes, les physostomi et les physoclisti étant fort rapprochés, et les