Page:Montpetit - Poissons d'eau douce du Canada, 1897.pdf/563

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
532
LES POISSONS

une ouïe, et l’on attache la queue du petit poisson sur l’empile au moyen d’un fil délié ; il ne reste plus qu’à monter la boucle de l’empile dans le crochet à ressort d’un émérillon qui doit terminer l’avancée.

Quand on se sert de l’hameçon double, nommé bricole, qui est bien préférable pour tous les poissons chasseurs à gueule dure et garnie de dents, on enferre le poisson de la manière suivante : on fend légèrement avec la pointe d’un canif et en travers le dos du poisson, à la naissance de la nageoire dorsale : on fait une autre entaille pareille, en avant, à la distance de 1 centimètre, plus ou moins, suivant la grandeur de la bricole dont on veut se servir, suivant la grandeur du poisson et suivant encore que la nageoire dorsale est plus ou moins rapprochée de la queue ; on fait passer le bout de la chaînette ou de la boucle de l’empile de corde filée, en commençant par l’incision de la nageoire dorsale, et on le fait ressortir par l’incision qui avoisine la tête. Lorsque la boucle est sortie et dégagée de dessous la peau, on fait passer dans cette boucle une des branches de la bricole, puis on retire le tout en arrière, jusqu’à ce que la boucle elle-même, ayant passé sous la peau, soit sortie par l’incision postérieure ; le poisson se trouve ainsi suspendu en équilibre ; il n’est pas blessé mortellement et se promène longtemps. »

Quand on pêche à la volée avec un gros poisson vif on se contente de passer l’hameçon dans la chair de la queue ou de l’accrocher par le plein du dos.


LES ESCHES D’ESSENCE VÉGÉTALE


Nous avons vu qu’un certain nombre de poissons s’attaquent volontiers aux végétaux ; bon nombre, en effet, sont omnivores et, suivant le temps, l’heure, la saison, ils se laisseront prendre à l’hameçon esché avec des graines ou avec des vers. La plupart des esches d’essence végétale sont des graines ou des fruits : il faut savoir les préparer convenablement, car s’il en est qui peuvent être employées directement, d’autres ont besoin de subir une petite préparation. Si l’on se sert de graines pour amorcer, souvent on les fait rissoler à la poêle ; mais pour en faire des esches, il convient de les faire bouillir de façon à ce qu’elles soient non seulement ramollies, mais même cuites. Cette cuisson se fait dans l’eau salée, de façon à ralentir la fermentation qui ne manquerait pas de se produire rapidement pendant les chaudes journées de l’été ; la durée de la cuisson varie avec la nature et la grosseur de la graine employée ; il faut compter près de six heures pour le blé, et un peu moins pour les fèves ; l’enveloppe de la graine se fend, mais il faut arrêter la cuisson avant que l’intérieur passe à l’état de bouillie.