LE BROCHET
Je connais au brochet un grand nombre d’ennemis, jamais je ne lui ai rencontré un ami. Il doit en avoir pourtant, des amis, puisque le diable lui-même en a. En Angleterre, l’État vote une prime pour sa destruction, à tant par tête, tout comme nous faisions jadis pour l’extinction de la race des loups. Sans le protéger, nous lui donnons néanmoins assez de latitude pour qu’il règne en tyran dans les eaux du bassin du fleuve Saint-Laurent, autant par son nombre que par sa force et sa voracité. En 1880, nos pêcheurs vengeaient ses nombreuses victimes, en enlevant plus d’un demi-million de pièces de son espèce dans la seule province de Québec, et y prélevant le tribut comme suit :
pièces | ||
1° | De Québec au haut de l’Ottawa |
295,200 |
2° | Division Richelieu |
15,000 |
3° | " Chambly et Iberville |
16,000 |
4° | " Châteauguay et Beauharnois |
85,000 |
5° | " Trois-Rivières |
18,000 |
6° | " Berthier et Joliette |
18,400 |
7° | " Montréal |
18,600 |
8° | " Terrebonne |
12,400 |
9° | " Deux-Montagnes et Ottawa |
52,000 |
10° | " Ottawa et Gatineau |
51,000 |
Total |
582,800 |
En face de ce tableau la province d’Ontario n’accuse qu’un modeste rendement de 2,153 pièces. Elle se rachète avantageusement par ses pèches millionnaires de namaycush, poissons blancs, dorés, achigans ciscos et autres genres de poissons qui n’attendent qu’une protection plus sévère et une culture plus soignée pour ajouter prodigieusement à la richesse publique du pays.
Parmi les Ésocidés, il est un poisson type, c’est l’esox lucius, commun