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LES POISSONS

les brochets de nos rivières ne sont que des pygmées. Ce géant aux appétits formidables possède une chair délectable qui est la joie des gourmets américains. On dirait que la délicatesse de ce poisson est en raison directe de son énormité.

Nous ne croyons pas qu’il y ait dans le monde des eaux, de gueule plus effroyablement meublée que celle d’un brochet des Amazones. Sur le palais de ce géant aquatique s’alignent longitudinalement en trois rangées serrées, plus de sept cents dents. Ce n’est plus un poisson, c’est une râpe.

Mais ce qu’il est bon, ce monstre, à la sauce hollandaise, flanqué de tronçons de jeunes anguilles, aromatisé de jus d’orange et de muscade ! »

Ici, au Canada comme aux États-Unis, on est loin de tenir le brochet commun en si grande estime. Tout au plus adresserait-on de pareils éloges au maskinongé, qui lui est supérieur de bien haut.