Page:Montpetit - Poissons d'eau douce du Canada, 1897.pdf/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
78
LES POISSONS

Thompson, l’auteur américain qui a précisé le mieux les caractères distinctifs des ésocidés, n’a écrit que huit lignes sur le maskinongé, huit lignes que je traduis ici, sévèrement :


Esox nobilior, Thompson-Muskallunge.


« De même forme que celle de E. lucius, sauf la largeur plus accentuée de la tête, en tenant compte de la taille du poisson ; sur les ouïes sont des écailles de dimension égale aux yeux, distribuées en huit rangées sur les deux ouïes et les opercules ; couleur gris foncé ; flancs parsemés de rosaces sombres sur un fond d’argent grisâtre : ventre blanc ; nageoires piquées de taches noires. »

Dekay, Le Sueur, Thompson, Jordan et Gilbert, les autorités les plus respectables en la matière, ne disent rien de plus au sujet du maskinongé.

Prenant au hasard un rapport officiel des pêcheries du Canada, je vois qu’en 1881, le rendement de la pêche du maskinongé a été comme suit :


De Québec au haut de la rivière Ottawa
127,000 pièces
Division Richelieu
1,500 pie"
Div"sionChâteauguay et Beauharnois
112,000 pie"
Div"sionTrois-Rivières
1,200 pie"
Div"sionBerthier et Joliette
5,055 pie"
Div"sionLac Deux-Montagnes et bas Ottawa
1,560 pie"
Div"sionMontréal
3,500 lbs.
Div"sionHaut Ottawa et Gatineau
1,300 lbs.


Entre les sources de l’Ottawa et celles des grands tributaires du lac Saint-Jean, il existe des milliers de lacs dans lesquels le Montagnais et le Tête-de-Boule, le trappeur, et quelquefois le bûcheron (lumberman), seuls, ont pu jeter la ligne, en passant et au hasard. Le plus grand nombre de ces lacs sont peuplés de brochets, de dorés, de maskinongés, de gros chevesnes et autres poissons blancs, qui n’ont jamais été relancés dans leur résidence séculaire : en sorte qu’ils ont pu s’y développer jusqu’aux extrêmes de leur croissance, dans une liberté entière et à l’abri des poursuites de l’homme.

Durant l’été, ces poissons se répandent dans les rivières dont le lac voisin est le réservoir, soit pour y frayer soit à la recherche d’une proie plus abondante ou plus facile.

Au dire des trappeurs, les maskinongés y atteignent des proportions énormes. De fait, dans une excursion que je fis, il y a trente ans, au nord des comtés de Berthier et Joliette, mon guide, Simon 0’Bomsa8ing,