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SOUS LA COUPOLE

J’ai assisté chez Anatole Leroy-Beaulieu, non pas tout à fait à une visite académique — on le pense bien —, mais à l’aurore d’une candidature à l’Académie des Sciences morales et politiques, celle du Vicomte d’Avenel.

J’étais chez notre directeur, lorsque d’Avenel se présenta. Je me revois, en redingote étroite, le melon et les gants à la main, comme c’était de mode. « D’Avenel se porte candidat à l’Académie, me dit Anatole Leroy-Beaulieu, il vient faire la visite traditionnelle ». D’Avenel pénétra dans le salon de mon maître. La conversation porta sur le Canada que le sociologue connaissait bien et où il venait de faire, si je ne m’abuse, une série de conférences. Je pris congé sans rompre la discrétion, sans souhaiter bon succès au candidat malgré le vif désir que j’en avais.

Des candidats se plient mal aux visites : tel Anatole France. D’autres les accomplissent comme un rite. L’accueil qu’on leur réserve varie avec l’humeur des académiciens qui sont déjà nantis et dans la place. Ils ont beau jeu. Souvent, ils ne se prononcent pas, observant — c’est le cas de le dire —