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RENCONTRES

be en moins et une épée en plus. Non pas ça, vraiment. D’ailleurs, Lemaître lit divinement. C’est un ami : il m’a admirablement servi. Il n’avait pas à se gêner, à craindre de se faire valoir. Il pouvait y aller…

— Vous vous êtes intéressé à la Révolution et au socialisme ?

— Oui, mais que serait le collectivisme ? J’ai eu des enthousiasmes et des effrois. J’ai cru devenir socialiste en croisant des miséreux. Car il y a les gueux. Rousseau, quand il avait le sens commun — et il l’a eu, il l’a eu — formulait un socialisme spécial qui me plaît : il ne voulait ni gueux ni richards. Il y a trop de riches et trop de gueux. Mais comment en réduire le nombre ? Pas par le collectivisme en tout cas. Je suis en faveur des retraites ouvrières et de la réduction des droits de succession. Je crois que, grâce à ces mesures, on corrigerait certains maux de la société. Mais pas de collectivisme ! Quel tas de petits despotes cela ferait ! Et puis, il faut respecter l’initiative individuelle ; elle a du bon. À dix-sept ans, on doit faire son chemin.