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SOUVENIRS

Il est grand et fort. Il parle d’abondance et avec beaucoup d’émotion. Le geste est large, la figure ouverte, franche, bourrue. Il soulève l’enthousiasme. C’est une force, une force de réaction comme il y en a encore en France.

En le voyant, j’ai compris ce que peut un homme, et comment le courage, la droiture, l’énergie, la beauté morale, l’honorabilité et la fierté, quand même, peuvent entraîner une foule.

Combien grand à côté des détracteurs de la patrie française, m’est apparu Déroulède. En lui, dans sa parole, ses idées, son idéal, son panache, j’ai retrouvé cette France que j’ai tant aimée, que j’ai cherchée depuis que je la coudoie, que j’ai cru parfois morte, avant de la sentir vibrer dans l’âme de Déroulède.

Déroulède parle de l’anéantissement du Président de la République. Ce que voudrait Déroulède — qui déclare abandonner le projet de constitution qu’il avait conçu neuf ans plus tôt — c’est, pour la France, une constitution où les pouvoirs ne seraient pas confondus ; où le président représenterait la nation