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SOUVENIRS

En belles-lettres, un concurrent ayant disparu, je l’avoue, je pris la tête de ma classe, et je la gardai. J’étais conquis par les études littéraires, qui sont restées ma prédilection, et par l’évolution des idées.

Je mordais avec entrain à la littérature et à l’histoire et je cherchais, d’instinct, dans l’étude du latin et même du grec, une discipline française. C’était le moment des grands critiques : Brunetière, Faguet, Lemaître, Doumic, qui avaient succédé à Villemain, à Sainte-Beuve et à Taine. Ils nous entraînaient. Les suivions-nous trop, laissant de côté les textes pour leurs commentaires ? N’importe, ils nous initiaient. Ils nous faisaient le don précieux de la curiosité, que nous allions bientôt satisfaire.

Des revues littéraires, comme Les Annales, nous apportaient sur les écrivains du temps des détails qui nous permettaient de les situer, presque de vivre leur vie. Si bien que nous devenions familiers du monde littéraire français. À la faveur des vacances ou des congés, nous nous retrouvions chez Déom, à l’affût des nouveautés, discutant les œuvres,