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SOUVENIRS

tinuant nos pères dans leur pensée autant que dans leurs actes.

À M. Fabre, plus peut-être qu’à aucun des nôtres, il fut donné d’accomplir pleinement une aussi noble tâche ; et si nous nous inclinons avec respect devant le politique, l’écrivain, et le diplomate, nous n’avons pas laissé d’admirer comment il sut, tout en restant Canadien d’esprit, de cœur et de mœurs, manifester brillamment, par l’épanouissement continu de sa personnalité, sa filiation française.

En 1910, j’allai à Versailles où M. Hector Fabre s’était retiré. Telle était mon amitié pour lui que j’accomplissais comme un devoir pieux cette dernière visite. Nous redoutions la fin. Il était atteint d’une de ces maladies dont on dit brutalement qu’elles ne pardonnent pas. J’allais le remercier encore, comme ses bontés sans nombre à mon égard m’en avaient fait contracter une sorte d’habitude. Je ne le vis pas : déjà il ne reconnaissait plus ceux qui l’approchaient et je ne voulus pas emporter de lui, que j’avais connu si vivant, ce souvenir d’un être vaincu par la souffrance.