Page:Montpetit - Souvenirs tome II, 1949.djvu/65

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ce, au juste ? — partait en guerre contre les crétins.

J’y publiai un article intitulé « L’art nécessaire ». Je développais quelques idées auxquelles je suis resté attaché :

Nous n’apprécions pas l’art à sa valeur. Peut-être même avons-nous perdu, de ce côté, de salutaires illusions. Nos aînés, qui ne connaissaient pas les sensations du cinéma, se distrayaient par la lecture, l’étude et la rêverie. Ils vivaient quand nous nous contentons d’exister. Plus près de nos origines, ils n’avaient pas dû, comme nous, choisir entre le confort ou le bon marché et la préoccupation de la beauté. Prisant les jolies choses, ils enrichissaient leur vie quotidienne d’élégance. Bijoux, meubles, vaisselle aux couleurs discrètes ou naïves, argenteries marquées d’un chiffre ou d’une couronne, maisons seigneuriales aux lignes sobres, témoignent d’une civilisation recueillie où s’allient la distinction des manières et le goût.

Nous avons bariolé nos murs et posé des créneaux sur de paisibles demeures. Les rues vont cahin-caha sous le halètement des enseignes lumineuses : et les toits disparates cou-