Page:Montpetit - Souvenirs tome III, 1955.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
224
SOUVENIRS

Rien qui domine. On aimerait entendre au delà de ce vacarme la cantilène d’un rossignol. Cela ne nous est pas donné. Et le bois est souvent une volière sans chanson. La nuit venue, tout se tait. Parfois un seul cri, bien rarement, dans l’obscurité : un nid qu’un bruit dérange ou quelque poète qui rêve. Il y en a sûrement parmi les oiseaux, même ceux du Canada.

***

Le monde des fleurs et des plantes est aussi agréable à fréquenter. Il est fait de couleur, de grâce et de mouvement. Dans la nature, les fleurs apportent le secret de leur parfum et le charme de leur présence. Un jardin est une griserie de tons : un simple bouquet sur une console, une lumière et un plaisir pour les yeux et l’esprit.

Toujours la même chanson : j’aime les fleurs et je les connais peu. Comme presque tout le monde, j’imagine. Et pourtant des gens mettent un nom sur chacune avec une sûreté qui m’éblouit.

Fleurs cultivées, fleurs des champs, sont la joie de la terre. Tu reconnaîtras facilement l’éclat des premières. Il en est de simples et d’éblouissantes. Rien n’égale un alignement de passeroses, un accord de glaïeuls, l’éclat placide des tournesols ou le regard troublant de l’aster.

Il faudrait les nommer toutes, de la rose au réséda, du pois de senteur au chrysanthème chevelu, de la tulipe au lis et à l’hortensia, du muguet au phlox, de la capucine à l’œillet. Même le géranium solitaire dont la tige me déplaît et le modeste œillet des poètes. Tant de fleurs qui agrémentent nos jardins et nos maisons.

Les fleurs des champs te retiendront parce qu’on les néglige si on ne les ignore pas. Ne les