Page:Moréas - Iphigénie, 1910.djvu/27

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L’insensé Ménélas, chez qui le déplaisir
d’Hélène et de son lit n’éteint pas le désir,
y nourrissant sans cesse une affreuse éloquence,
dans mon cœur ébranlé vainquit la résistance.
J’écrivis à la reine et mandai qu’en ces lieux
notre fille devait incontinent se rendre,
que pour elle brûlait d’une flamme trop tendre
de la nymphe Thébis le fils audacieux :
je vantais sa valeur, sa naissance divine,
et j’ajoutais qu’avant de porter la ruine
dans les sacrés remparts de la forte Ilion,
Achille souhaitait d’avoir dans sa maison
une épouse du sang d’Atrée et de Tyndare.
ô vieillard, c’est ainsi qu’imposteur et barbare,
je trompais une mère et je n’hésitais pas
d’apprêter à ma fille un indigne trépas.
Mais un heureux retour enfin me fait connaître
que, me voulant pieux, j’allais cesser de l’être.
Mon message ancien, je le veux effacer
par ce nouvel écrit que tu m’as vu tracer