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OSSIAN

de nouveauté. Et cette nouveauté avait pour les contemporains un cliarme qui ne s’est pas évaporé tout entier, à en juger par les vers suivants :

Aussi calmes qu’un bois vers le déclin du jour…
Ils marchent plus nombreux que les sables mouvants
Ou les roseaux d’automne agités par les vents…
Obscur comme un ruisseau qui dans l’ombre s’écoule…
Ils s’élèvent pareils à deux brouillards errants…
Sa jeunesse brillait comme l’astre serein
Qui sème d’un or pur la rive orientale
L’haleine du zéphir qui dans l’air se balance…
… Une clarté légère
Tremble encor dans les cieux et luit sur la fougère…


Les pâles clartés de la nuit, pleines du mystère de la Mort, sont souvent rendues par Lormian d’un pinceau vaporeux :

A la pâle clarté des astres incertains…
Des étoiles du soir les clartés vacillantes…
Aux rives du couchant, pâle, silencieuse,
La lune ne versait qu’une clarté douteuse,
Et le vent de minuit soufflait dans le vallon…


Tenez voici des noms presque aussi terribles que ceux qui hérissent les beaux vers de Leconte de Lisle :