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Esclavage colonial



par un Hindou d’une caste inférieure à la sienne, si ce n’est dans quelques circonstances hors de sa maison ; ainsi il y a fort peu de cas où un esclave puisse lui être utile.

Puisque les institutions religieuses de ce peuple célèbre défendent d’admettre pour le service domestique aucun étranger, à plus forte raison aucun esclave ; et si, d’un autre côté, rien ne prouve l’existence d’un état contraire chez les Égyptiens, il est permis de croire, d’après les nombreux rapports qui ont existé entre ces deux nations, qu’autrefois les hommes n’ont pas été plus réduits en captivité sur les bords du Nil, qu’ils ne le sont de nos jours sur les rives du Gange.

À la vérité, Homère parle bien des marchés d’esclaves établis dans les îles de la mer d’Egée, dans l’île de Chypre, et même en Égypte : on sait que Tyr et Sidon se livrèrent à ce trafic ; mais tout cela ne prouve point que les Egyptiens aient fait eux-mêmes ce commerce, et eussent établi l’esclavage parmi eux. Loin de là, l’Écriture-Sainte semble affirmer le contraire. Joseph, vendu par ses frères à des marchands ismaélites, devint l’esclave de l’eunuque Putiphar, qui avait été captif lui-même, et sans doute aussi étranger[1].

  1. Gènes., chap. 37 et 49.