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capitale non ſeulement d’Egypte, mais encore de toute l’Afrique. On a mis de l’ Afrique voiſine. On a encore corrigé ici d’autres galimathias, comme on le reconnoîtra, ſi l’on en a envie, en comparant les Editions.

Sur les mots d’ Elie & d’ Eliſée, l’Auteur avoit traduit les paroles de la Vulgate duplicem ſpiritum, ſon double eſprit, au lieu de traduire, le double de ſon eſprit. On a auſſi retranché ce qu’il ajoûtoit, après avoir dit que la poſterité d’Eſaü fut très-heureuſe (on a mis nombreuſe) & on croit même que Jacob en était ſorti. Il devoit y avoir Job, mais c’eſt ce qu’on pourra voir ſur Job, & c’eſt ſans doute une faute d’impreſſion.

On verra ce qu’on a dit ſur Errif, ſur Erythrée, ſur Eraſte, & ſur Erebe.

Après le mot Ere, il y avoit Aëra ou Here, au lieu des mots que l’on voit dans cette Edition. On a corrigé auſſi quelques galimathias de cet Article, que l’on ne rapportera pas. L’Auteur ne s’étoit pas mieux exprimé ſur le mot Epoque, qui eſt d’une ſignification approchante. Ainſi au lieu qu’on liſoit dans l’Edition de Lyon, que les Chronologues ont inventé des bornes ou ſtations de temps, on a mis : ont pris pour Epoques des évenemens célebres.

Les Eſſéens, ſelon nôtre Auteur, étoient une des quatre ſectes des Samaritains, qu’on conſideroit comme des Héretiques parmi les Juifs. Au lieu de cette double fauſſeté, qui eſt trop manifeſte pour s’arrêter à la réfuter, on a mis : Secte célebre parmi les Juifs. On peut conſulter là-deſſus les Traitez de J. Scaliger & de J. Druſius ſur les ſectes des Juifs, à quoi l’on peut ajoûter le petit Traité de Tho. Bruno ſavant Anglois, publié par P. Colomiez, en 1687. touchant les Therapeutes, où il prétend montrer que les Therapeutes d’Alexandrie ſe firent Chrétiens, dès qu’ils ouïrent prêcher l’Evangile.

On a extrêmement réformé les Articles de Robert & d’Henri Etienne, dont l’Auteur ne rapportoit que des louanges vagues, & fauſſes, ſans nommer leurs principaux Ouvrages, ni bien marquer leurs veritables talens. La parfaite connoiſſance, dit l’Auteur, qu’ Henri Etienne avoit des Langues ſavantes lui donna cette facilité admirable d’écrire ſur toutes ſortes de ſujets. Henri Etienne n’entendoit que le Grec & le Latin, au moins d’une maniere, qui pût lui faire honneur. Il n’étoit point capable d’écrire, ſur toutes ſortes de ſujets ; mais ſeulement ſur la Grammaire, & ſur la Critique. L’intelligence même des Langues ne donne point la facilité d’écrire ſur tout, puiſque les mots & les Sciences ſont deux choſes differentes. On a corrigé cet endroit en cette ſorte : La parfaite connoiſſance qu’il avoit des Langues Greque & Latine lui donna lieu d’enrichir le Public d’un grand nombre de belles éditions des anciens Auteurs, particulierement des Grecs & de ſon Tréſor de la Langue Greque. Le Sr. Moreri avoit oublié ces deux Articles, & avoit parlé d’autres Ouvrages de très-peu d’importance. Au lieu de ce qu’on lit ſur l’Article de R. Etienne, il y avoit : Il a rendu ſa mémoire immortelle à la poſterité (c’eſt une des phraſes les plus familières de nôtre Auteur) non ſeulement par la beauté de ſes impreſſions, où les caracteres ſont rangez avec tant d’ordre (pas avec plus d’ordre que dans les autres bonnes Editions de ce tems-là, qui en cela ſont très-inferieures à celles d’aujourd’hui) de netteté & de ſoin ; mais encore par ſes Ouvrages. Les Langues ſavantes, (autre phraſe favorite de l’Auteur) lui étoient très-familières, & il avoit ſur tout une parfaite connoiſſance de l’Hebraïque (cela eſt faux) de la Greque & de la Latine, (quelles étoient ces autres Langues ſavantes, qui lui étoient très-familieres ? Etoit-ce le Syriaque, l’Arabe, l’Ethiopique, ou le Samaritain ?) Il compoſa cet excellent Dictionaire qui eſt conſideré comme le Thréſor des Langues (ce n’eſt que de la Latine ſeule, mais nôtre Auteur ne l’avoit jamais vu & s’eſt hazardé à faire ce panegyrique Gaſcon, ſans connoître l’Auteur dont il parloit, & il ſeroit à ſouhaiter qu’il ne l’eût fait qu’ici ) une Grammaire, des Commentaires ſur les Evangiles (ceci eſt faux & l’Auteur veut peut-être dire ſes varietez de lecture ſur le Nouveau Teſtament) il fit auſſi une nouvelle verſion de la Bible (il ne fit qu’imprimer celle de Leo Juda, avec des notes recueuillies des leçons de Vatable) & divers autres traitez, &c.

En parlant des chevaux du Soleil, ſur le mot Ethon, il dit que le premier étoit nommé Pyroeis ; qui veut dire rouge, c’eſt proprement couleur de flamme ; d’autant que, ajoûte-t-il en ſtile de Scudery, l’ Aſtre du jour eſt de cette couleur, en paroiſſant ſur nôtre horizon. Il continue, ſur le même ton, & avec la même érudition : & le ſecond Eous, ou luiſant, d’autant que le Soleil s’éclaircit, après avoir diſſipé toutes les vapeurs du matin. Eous ſignifie Oriental. Le troiſiéme &c. qui fait connoître le Midi. Et le dernier eſt Phlegon, noir (ce mot ſignifie, au contraire, enflamme) qui montre le couchant de l’ Aſtre qui nous éclaire, lequel ſemble s’obſcurcir en commençant à diſparoitre. C’eſt dommage que les noms des chevaux du Soleil, ne ſignifîent ce qu’il dit : ſans quoi ces belles choſes ſe trouvent inutiles.

Le Lecteur verra, s’il le juge à propos, ce qu’on a dit ſur Ethra, ſur Etna, Evangile, Euhemere, Europe & Euſebe de Ceſarée. Dans l’Article d’ Eubulide, il y avoit Apollonius de Crone, comme ſi Crone eût été une ville ; au lieu de, ſurnommé Saturne ou Cronos.

Sur le mot Exode, il étoit dit que c’eſt là le nom du ſecond livre de Moïſe, parce qu’il y eſt expreſſément parlé de la ſortie des Iſraëlites de l’Egypte ; ce qui eſt trop peu, pour dire que c’eſt dans ce Livre que Moïſe en fait l’Hiſtoire. L’Auteur continuoit, en ces termes, auſſi bien que des tables de la Loi, & des divins préceptes. Que vouloient dire ces quatre derniers mots ?

Fabius Dorfennus (& non Dorſemnus) étoit, ſelon nôtre Dictionaire, Poëte des Atellaniens, c’eſt-à-dire de ceux qui repréſentoient des fables ingenieuſes. Ceux qui ne ſavent ce que c’eſt que Poëta Atellanarum peuvent cependant ſentir qu’il y a ici un galimathias, mais pour en reconnoître le ridicule, ils n’ont qu’à lire ce que l’on a mis, au lieu de ces mots.

On ſait que Tite-Live & d’autres Hiſtoriens Romains ont débité que la famille des Fabiens, qui étoit de plus de trois cens hommes portans les armes, fut réduite par leur défaite à un ſeul jeune garçon. Nôtre Auteur, qui cite au hazard, disoit de plus que nous apprenons cela de Denys d’Halicarnaſſe, quoi que cet Hiſtorien faſſe voir que ce n’eſt qu’une fable, comme on l’a remarqué dans cette Edition. C’eſt au Liv. IX. de ſes Antiquitez Romaines p. 580.

En parlant de Fauſte de Riez, l’Auteur avoit dit : pour ſes opinions, je fai qu’il en débita quelques-unes, qui étoient contraires à la créance orthodoxe de la grace & de la prédeſtination ; mais auſſi, ſi nous conſiderons les éloges, que les grands hommes de ſon tems lui donnent, nous conclurrons ſans peine, qu’il ne ſoûtint point ces erreurs avec opiniâtreté, & qu’il mourut dans le ſein de l’Egliſe, au commencement du V. ſiécle. Ceux qui ſavent l’hiſtoire du Demi-Pelagianiſme, & les progrès qu’il avoit faits en Provence, particulierement parmi les Moines de Lerins, ſeront plus ſatisfaits de ce qu’on a mis à la place de ces paroles. Voyez le P. Noris Hiſt. Pelag. Lib. 2. c. XV.