Page:Moréri - Grand dictionnaire historique, 1716 - vol. 1.djvu/29

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On a beaucoup changé l’Article de Saumaiſe, comme on le pourra voir, en comparant les Editions. On ne peut pas rendre raiſon en détail de ces changemens, mais on s’eſt appuyé ſur la vie de ce grand Critique, laquelle eſt à la tête de ſes Epîtres, & ſur la connoiſſance que l’on a de ſes Ouvrages. Si on lui a ôté les titres de Juriſconſulte & d’ Orateur, c’eſt qu’il ne faiſoit point profeſſion de Juriſprudence, quoi qu’il l’entendît, & encore moins de Rhétorique. On a auſſi un peu raccommode l’Article de Saumur, où l’Imprimeur avoit néanmoins fait une faute, en tranſpofant ces mots : ſur la colline, qui doivent être aprés celui de Château.

On a ôté deux lignes, où il étoit parlé d’un Auteur nommé Scylax, & que Ie Sr. Moreri avoit trouvé à propos d’appeller Scilaſſe ; mais on trouvera quelque choſe de plus exact ſur Scylax.

Dans l’Article de P. Scipion l’Africain, il y avoit qu’il arrêta une partie de la Nobleſſe, en la défaite de Cannes, ce qui ne ſignifie rien ; mais on trouvera, dans cette Edition, ce que l’Auteur a voulu dire.

Outre ce que l’on a ajoûté à l’Article de Cornelius Severus, l’Auteur en citant Quintilien, diſoit ſimplement Fabius, qui eſt à la verite le nom de ce Rheteur, mais qui n’eſt pas plus en uſage en François, pour dire Quintilien, que Tullius pour Ciceron ; en ſorte que les Lecteurs qui ne ſavent que le François auroient de la peine à le reconnoître, & je ne ſai ſi l’Auteur lui-même ſavoit que Fabius fut Quintilien. On ne reconnoîtroit pas non plus Alexandre Mammée le fils, comme parloit nôtre Auteur, dans l’Article de Sextus l’Africain, pour dire Alexandre fils de Mammée. Tout le monde ſait que ce dernier mot eſt le nom de la Mère de ce Prince, & non pas un ſurnom qu’il portât.

On a refait l’ Article de Sibrand Lubbert, qui commençoit ainſi : Calviniſte, qui ſoutenoit vers l’an 1610. de nouvelles erreurs de la Prédeſtination &c. Moreri n’en diſoit pas aſſez, & ce qu’il diſoit étoit faux, puis que ſes ſentimens étoient les mêmes que ceux des Dominicains.

Dans l’Article des Sociniens, on a ajoûté quelques circonſtances de leur Hiſtoire, qui n’étoient pas dans les Editions précedentes, leſquelles n’etoient plus amples qu’en injures inutiles, ſur tout dans un Dictionaire.

En parlant du Sommeil, il fait mention des deux portes des Songes, dont Virgile parle, dans le VI de l’Eneïde. On a dit dans cette Edition, comment les anciens Grammairiens expliquoient cette Allegorie, & il eſt viſible que c’eſt-là la veritable explication. On la trouvera dans Servius ſur le 893. vers du VI. De l’Eneïde. Cependant l’Auteur, qui ne croyoit pas ſans doute faire tort à Virgile, en l’explicant, comme il auroit fait un paſſage obſcur de l’Ecriture, par la première chimere qui lui viendroit dans l’eſprit, avoit mis ce beau galimathias ; De même que la Corne déliée & ſubtile eſt tranſparente & reçoit la lumiere : le corps repurgé des humeurs groſſiéres par la tempérance, n’empêche point que l’ame ne voye les choſes comme elles ſont. Mais ſi les corps ſont remplis d’une grande quantité de viandes, & de mauvaiſes humeurs, cauſées par l’intemperance, alors ils ne permettent pas que l’ame enfermée comme dans une lanterne d’y voire, d’une matiére groſſiére & non tranſparente, puiſſe connoître la verité des choſes. C’eſt-là proprement tirer quidlibet ex quolibet, & ce n’eſt pas en ce ſeul endroit que l’Auteur l’a fait, mais on n’a pas fait juſtice de tout ce qui l’auroit merité à la rigueur.

Dans l’Article de Spurina, l’Auteur, après avoir dit que ce Devin avoit averti Jule Ceſar de ſe donner garde des Ides de Mars, ajoûtoit que Ceſar le rencontra au dernier jour de ces Ides, ce qui n’a aucun ſens, à moins que le mot d’ Ides ne ſignifiât certain nombre de jours, comme peut-être le Sr. Moreri l’a crû. Ce dont il parle arriva le matin des Ides, jour auquel Ceſar fut tué.

Steuchus étoit ſurnommé, ſi l’on en croit les Imprimeurs du Sr Moreri, Eutichius, au lieu d’ Eugubinus, & le Roi de Suede que l’on nomme communément Charles Guſtave, ſe nommoit Charles Adolfe. Dans cette Edition on a corrigé ces deux fautes. On a auſſi ajoûté ſur l’Article de Suede, comme en mille autres endroits, les Auteurs que l’on peut conſulter pour s’inſtruire mieux de l’Hiſtoire de ce pais-là.

En parlant des jeux Sceniques, inſtituez ſous le Conſulat de C. Sulpicius Pœticus, l’Auteur avoit dit ſeulement que c’étoient des Comedies ; mais ce n’en étoient pas, au commencement qu’ils furent mis en uſage.

Dans ce qui eſt dit d’un lieu de l’île de Meroé, nommé Table du Soleil, on a mis ces mots : Le peuple croyait &c. au lieu de ceux-ci : que le Roman dit être toûjours couvertes de bonnes viandes. Les Italiens &c.

L’Auteur diſoit du Thalmud, qu’à raiſonner juſte, & à parler ſans prévention, c’eſt un recueuil d’injures atroces & de blaſphemes épouvantables, contre Dieu & contre Jeſus-Chriſt, & l’Egliſe. Il eſt vrai qu’il y a quelque choſe de ſemblable, en quelques endroits du Thalmud, mais on ne peut pas dire pour cela que le Thalmud ſoit un recueuil d’injures & de blaſphemes. Voyez particulierement les deux Auteurs, que l’on a ajoûtez à la fin de l’Article.

Le Lecteur pourra voir ce qu’on a mis ſur Tamuz, Tartarie, Taſſe, Temple, Templiers, Tertullien, Theodoret, Theophile d’Antioche, Theſmopheres, Tite-Live, Titans, Triptoleme, Troglodytes, Tullia, &c.

Telamon étoit, dans les précédentes Editions, Roi de l’Ile de Salamine en Afrique, Province de l’Achaïe ; mais dans celle-ci, on s’eſt contenté de mettre, dans le Golfe Saronique. Il n’étoit pas fils d’ Alacus, mais d’Eacus, ou d’Eaque. Son épouſe ne ſe nommoit pas Heſiode, mais Heſione.

Entre les éloges, que l’Auteur donnoit à Tertullien, il diſoit que ſon diſcours étoit ſi puiſſant, & ſes raiſonnements ſi ſolides, qu’on ne pouvoit l’entendre ſans être perſuadé. Avec cela, ajoûtoit-il, il avoit joint à ſes hautes qualitez, une parfaite connoiſſance des Ecritures, & une merveilleuſe ferveur en la Religion du vrai Dieu, de ſorte que Tertullien étoit un homme incomparable. On a un peu reformé ces eloges de Prédicateur, & l’on a dit quelque choſe de plus particulier du genie de cet Auteur.

Mais on a entierement ôté les louanges qu’il donnoit à Thamar, qu’il nommoit Jurve, & une des plus belles femmes de ſon tems. Il n’en eſt rien dit, dans l’Ecriture, qui ne nous aprend pas non plus que Judas eût marié ſon troiſiéme fils à une autre femme, comme l’Auteur le diſoit.

Themiſtocle ne mourut point à Salamine, comme l’Auteur l’aſſûroit, mais à Magneſie, ſelon le témoignage de Cornelius Nepos & de Plutarque. En parlant d’un autre Athenien, ſavoir, de Theſée, il diſoit qu’il étoit fils d’Aëtia, au lieu d’Æthra ou Ethra ; & au lieu de dire qu’il tua le Minotaure, il étoit dit qu’il tua Taurus monſtrueux champion de Minos.

Thophet ne ſignifie pas tromperie en Hebreu, mais tambour. La vallée où ce lieu étoit n’étoit pas la vallée des fils Ennon, mais de Hinnom. Le Sr. Moreri, qui ne ſavoit point d’Hebreu, eſt ſujet à ſe tromper, en ſuivant de mauvais Auteurs ; & il s’exprime même, en parlant de ces ſortes de choſes, d’une manière ſi peu juſte, qu’on ne ſait ce qu’il vouloit dire. Ainſi dans l’Article de Tremellius, au lieu de dire ſimplement qu’il entreprit de faire une nouvelle traduction du Vieux Teſtament ſur l’Hebreu, il avoit dit que Tre-

mellius