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étant commun à tant de riviéres de la Germanie ſuperieure & inferieure, on ne peut s’empêcher de remarquer qu’ Heſychius explique le mot AA par ceux de σύςημα ὖδατος, un ramas d'eau. Cela pourroit faire ſoupçonner que les Allemands n’ayent retenu ce mot de leur ancienne Langue, qui n’étoit pas fort éloignée de la Greque, comme M. Caſaubon l'a montré, dans ſon livre de la Langue Saxonne.]

AAD ou Aade, petite Riviere des Païs-Bas dans le Brabant. Elle paſſe à Helmont & à Bois-le- Duc, où elle ſe joint à la Dommelle, dont on peut dire que la Dieze ou Rhinin n’eſt que le confluant. *Ortelius, in Theat. Geogr. Coulon, deſc. des rivieres de France.

AAD. Cherchez Adda.

AAGRAM ou Agram. Cherchez Zagrabia.

AALAM, ou Ebno’l Aalam, c’eft-à-dire fils d'Aalam, Arabe qui vivoit dans le IX. Siecle. Il a auſſi le nom d’Ali Ebno’l Hoſain. Il étoit très-ſçavant dans la connoiſſance de l’Aſtrologie. Son mérite le rendit cher aux Princes de ſon païs, & principalement à Adado’ ddaula. Mais Sanſon ſucceſſeur de ce dernier ne l’ayant pas tant eſtimé, ce malheur le rendit chagrin, & lui inſpira la penſée de ſe retirer dans une ſolitude ; ce qu’il fit. Il eſt vrai que cette vie lui paroiſſant un peu trop affreuſe, il prit le parti de voyager, & mourut à Alofayla, comme il s’en retournoit en ſon païs. *Edouard Pocockius, in Hiſt. Orient. Greg. Abul-Pharaii.


AALEM ou Aulen, Alena, ville d’Allemagne en Souabe. Elle eſt Imperiale, quoique ſi peu conſiderable, qu’on aſſùre qu’il n’y a pas trente familles. Elle a été autrefois aux Ducs de Wirtemberg, & Eberard III. dit le Quereleux, la perdit.

AAMA CULIANDIN. C’eſt un Roi d’Ethiopie, qui vivoit dans le VIII. Siécle, au ſentiment de Genebrard qui en fait mention, & de quelques autres Auteurs qui marquent ſon nom, ſans parler de ce qu’il a fait.

AANEIA. Cherchez Angus, Province.

AAR ou Arr, Arola & Arula en Latin, Riviere de Suiſſe. Elle vient de la montagne de Leugſchen, qui eſt une partie des Monts qui ſeparent le Comté de Wallais d’avec le Canton de Berne. Elle paſſe par les Lacs de Brients & de Thun, où elle commence à porter bateau près de la ville de ce nom. Enfuite l’Aar groſſi par les rivieres de Camdal, de Sans, d’Orbe, d’Emme, de Ruſſ, de Limath, & d’un très-grand nombre d’autres, ſe jette dans le Rhin près de Coblents, entre Bâle & Conſtance. Mais avant que de perdre ſon nom il arroſe Thun, Berne, Aarbourg, Soleurre, Vangen, Oltern, Arauk, Brouk : & reçoit une grande quantité de ruiſſeaux & de rivieres, depuis ſa ſource juſqu’à ſon embouchure. *Cluvier, deſcript. Germ. François Guilleman, de reb. Helvet. Coulon, deſcript. des rivieres, &c.

AAR, Riviere d’Allemagne, dans le païs de Heſſe. Elle paſſe près de Dudinckhaufen & ſe jette dans l’Eder.

AAR ou Aer, & Are, autre Riviere d’Allemagne, qui paſſe à Huinen, & à Aldenaer ; & qui coule dans le Rhin entre Bonn & Coblents. Cette riviere eſt l’ Abrinca des Anciens.

AARAK, Ville du Royaume de Perſe, dans la Province d’Hyrcanie. *Du Val in Tab. Geogr.

AARASSO, en Latin Aaraſſus, Ville de l’Aſie Mineure, dans la Piſidie.

[AARBERG, petite ville de Suiſſe ſur l’Aar, entre Berne & Soleurre.]

AARBORG, ou Arburg, Arburgum ou Arola-Burgum, petite ville de Suiſſe, ſur la riviere d’Aar. Elle eſt dans le Canton de Berne, entre Soleurre & Araw. Quoique petite, elle eſt extrémement agreable, remplie de Marchands, & arroſée par un grand nombre de fontaines, qui en font aimer le ſéjour. Il y a un fauxbourg aſſez joli. Le commerce de la riviere d’Aar, & les Foires qui s’y tiennent, la font renommer.

AARON, ou Aharon, dont le nom ſignifie Montagne, premier grand Pontife & Sacrificateur des Juifs, étoit fils ainé d’Amram, de la Tribu de Levi, & de Jocabed, & frere de Marie & de Moïſe. Dieu le donna à ce dernier, pour être comme l’Interprete de ſes demandes auprès de Pharaon Roi d’Egypte Depuis il fut conſacré grand Sacrificateur, par l’élection de Dieu même. La céremonie en fut faite le huitiéme jour du mois Niſan, & le feu deſcendu du Ciel conſuma les victimes. Aaron avoit quatre fils, Nadab, Abiu, Eleazar & Itamar. Les deux premiers ayant négligé de prendre du feu ſacré, pour les encenſemens ordonnez de Dieu, & ayant pris d’un feu étranger dans leurs encenſoirs, moururent ſubitement dans le Tabernacle. Moïſe commanda à leur pere & à leurs freres d’emporter leurs corps hors du camp, pour les y enterrer. Quelque tems après Coré, Dathan & Abiron, avec deux cens cinquante principaux d’entre les Iſraëlites, s’éleverent contre Moïſe & contre Aaron, & voulurent avoir part au gouvernement du peuple, & à la grande Sacrificature. Dieu punit ces murmurateurs par un châtiment épouvantable, car la terre s’ouvrant tout d’un coup les engloutit, avec tout ce qui leur appartenoit. Et le feu du Ciel conſuma les deux cens cinquante partiſans de ces malheureux. Après cela le reſte du peuple s’étant élevé contre Moïſe, Dieu l’auroit puni auſſi ſeverement, ſi Aaron ne ſe fût hâté de prendre l’encenſoir, pour appaiſer la colere du Seigneur. Cependant Dieu, pour confirmer davantage le Sacerdoce à Aaron, voulut que chaque Tribu mît une verge dans le Tabernacle, & qu’elle y écrivît ſon nom, afin qu’on reconnût par celle qui auroit fleuri, celui que Dieu avoit choiſî pour être grand Prêtre. On trouva que ce fut la verge d’Aaron, qui d’un tronc mort avoit pouſſé des fleurs & des feuilles. Quelque tems après Aaron mourut ſur le mont Hor, âgé de cent vingt-trois ans. Ce fut le premier jour du mois que les Hebreux nommoient Ab, & qui correſpond en partie à nôtre Juillet, l’an du Monde 2583. D’autres diſent 2552. mais je m’attache au ſentiment de Salian, de Torniel, & de pluſieurs Auteurs anciens & modernes. *Exode, 3. 4. & ſeq. Levitique, 9. Nombres, 16.27.33.38.39. Joſeph, Antiq. lib. 2. 3. & 4. Salian & Torniel, in Annal. Vet.Teſtam.

AARON, que les Arabes nomment Harun Raſtid, Calife de Babylone. Il commença à regner après ſon frere Moïſe, vers l’an 170. de l’Egire, c’eſt-à-dire en 785. ou 86. de l’Ere Chrétienne. On dit qu’il étoit doux, & ami des gens de Lettres, & qu’il ſe faiſoit un plaiſir d’avoir auprès de ſa perſonne des Poëtes, dont il entendoit volontiers réciter les vers, & qu’il en compoſoit quelquefois lui-même. Avec ces inclinations, il avoit de la bravoure. Il ſe rendit maître de l’Aſie, depuis la Syrie & l'Egypte juſques aux Indes, & obligea l’Empereur Grec de lui payer tribut pour le reſte. On aſſure qu’il ſe trouva lui-même en huit batailles rangées, & qu’il fut toujours victorieux, par lui, ou par ſes Lieutenans. Ce Prince Sarrazin eſtima ſi fort Charlemagne, que de tous les Monarques du Monde, il fut le ſeul à qui il voulut donner des marques de ſon reſpect. En 802. il lui envoya une Ambaſſade, avec des préſens ; entre leſquels on admira le propre élephant d’Aaron, & une horloge d’une invention ſinguliére. Charlemagne lui fit demander la permiſſion d’offrir les préſens qu’il envoyoit au ſaint Sépulcre ; non ſeulement Aaron le lui accorda, mais lui envoya les clefs des Lieux ſaints, en proteſtant qu’il en étoit abſolument le maître. C'eſt ce qui a fait dire au Cardinal Baronius, que les François ont été les premiers légitimes poſſeſſeurs du Sépulcre du Fils de Dieu. Aaron eut beaucoup de part au Traité de paix qui ſe conclut à Saltz, entre Charlemagne & Nicephore Empereur d’Orient. Depuis, ce dernier ayant aſſocié à l’Empire ſon fils Stauracius, entreprit la guerre contre les Sarrazins, & fut entièrement défait. Aaron même vint fondre ſur lui avec une armée de trois cens mille hommes, & le contraignit d’acheter la paix, en s’obligeant de lui payer tous les ans trente mille écus d’or, marquez à ſon coin, & trois mille à celui de ſon fils, pour marque qu’ils ſe rendoient tous deux ſes tributaires. On dit que l’armée navale de ce Prince Sarrazin perit, pour avoir voulu profaner le tombeau de S. Nicolas de Mire. Il mourut âgé de 47. ans, en 806. ou 807. qui étoit le 192. de l’Egire. *Paul Diacre, liv. 24-Sigebert, in Chron. Eginart, in Carol. Theophane, liv. 23. Elmacin, Hiſt. Sarac. lib. 2. cap. 6. Abul-Pharaiius, Hiſt. Orient.

AARON, Magicien, qui ſe mit dans les bonnes grâces de l’Empereur Emanuel Comnene, par les promeſſes ridicules qu’il lui faiſoit : mais ſes impoſtures ayant été découvertes, il en fut puni. On lui trouva une certaine idole d’une tortuë, avec une image d’un homme qui avoit les pieds liez, & le cœur percé d’un clou. Il avoit auſſi un livre de l’invocation des demons, avec lequel il faiſoit venir des legions de ces eſprits de tenebres. *Nicetas, in An. Grec.

[AARON, Ancien Martyr Anglois dont on trouve le nom dans Gildas, qui a écrit au V.Siécle. Il dit qu’il étoit d’une ville qu’il nomme Legio.]

AARON ou Ahron d’Alexandrie, Médecin, qui vivoit dans le VII. Siécle, écrivit en Langue Syrienne un Ouvrage de Médecine, diviſé en trente Traitez, que Sergius augmenta de deux, Maſerjawaih les traduiſit depuis en Arabe. *Pocockius, Hiſt. Orient. Abul-Pharaii.

AARON BEN-ASER, Rabbin, qui eſt eſtimé pour avoir travaillé à inventer les points & les accens des Hebreux. Jacob Ben-Nephthali a eu part à cet Ouvrage, qui a rendu leurs noms immortels. Ils vivoient dans le V. Siécle. * Genebrard, in Chron. ad an. 476. Serarius, lib. I.cap.8. de Rab.

AARON CARAITE, célebre Rabbin, vivoit vers l’an 1300. (Les Caraïtes ſont une Secte de Juifs qui s’attachent uniquement à l’Ecriture Sainte, & ne veulent point recevoir les Traditions, ſi elles ne ſont fondées ſur l’Ecriture.) On l’eſtime entre les Rabbins un des plus ſçavans Interpretes de l’Ancien Teſtament ; ce que l’on peut connoître par ſon Commentaire Manuſcrit ſur le Pentateuque de Moïſe, qui ſe voit dans la Bibliotheque du Roi, & dans celle des Peres de l’Oratoire à Paris. Voyez Caraïtes. * Jean Morin, Exercit. Bibl. Richard Simon, Hiſt. Critique. SUP.

AARON HARISÇON, docte Rabbin, de la Secte des Caraïtes, a compoſé une Grammaire Hebraïque, ſous le titre de Celil Jophi, c’eſt-à-dire, Excellent en Beauté ; laquelle a été imprimée à Conſtantinople en 1581. Il ſemble que ce ſoit le même qu’Aaron Caraïte, dont je viens de parler, & qui a commenté le Pentateuque, * Morin, Exercit. Bibl. R. Simon, Hiſt. Critique. SUP.

AASBAI, fils de Machates, & pere d’Elipheleth, fut un des braves de l’armée de David. * II. des Rois, cap. 23.

AB. ABA.

AB. C’eſt le nom du cinquiéme mois des Hebreux, de vingt-neuf jours. Il étoit conſiderable par un jeûne, dont parle le Prophete Zacharie, pour faire ſouvenir les Juifs du murmure qui avoit empêché leurs Peres d’entrer dans la terre de Promiſſion. Ce fut lors que Moïſe eut envoyé de Cades-barné des eſpions en Chanaan. *Nombres, 13. & 14. Deuteronome, I. Torniel, in An. Vet. Teſtam. A. M. 2545. n. 31. 44.& 64.

ARA, Ville de l’Arabie Heureuſe, ſelon Ferrarius, Baudrand, & Lubin, en leurs Dictionnaires ou Tables Geographiques.

ABA, fille d’un certain Zenophanes, qui avoit été Gouverneur de la ville d’Olbe en Cilicie, Antoine & Cleopatre en donnerent depuis la proprieté à Aba, en reconnoiſſance de quelques ſervices qu’elle leur avoit rendus. Mais après ſa mort, les parens de ceux qui avoient été maîtres de cette ville s’y établirent encore. *Strabon, liv. 14.

ABA. Cherchez Ava.

ABA. Cherchez Abée.

ABA, ou Aban, troiſîéme Roi de Hongrie, uſurpa la Couronne en 1042. après avoir déthroné Pierre l'Allemand, ſucceſſeur d’Etienne I. mais il ne regna pas long-tems, car il fut tué en 1044