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en 1250. Mais il ne jouït pas long-tems de cette uſurpation. Car deux ans après, il fut tué par les païſans dans la guerre de Frise, & on dit que le lieu où on l’enterra étoit couvert toutes les nuits de ſpectres. * Krants, li. 7. ch. 21. Sponde, A.C. 1250.

ABELARD. Cherchez Abaillard.

ABELE, nom de trois differentes villes dans la Paleſtine. Une dans le païs des Ammonites où Jephté combattit ; l’autre vers Gadaris ; & la troiſiéme ſur le chemin allant de Jeruſalem à Damas, * S. Jerome, des lieux Hebreux. Juges II. I. des Rois 6. & II. 20.

ABELFEDA, ou Abulpheda, & Abilpheda, (Iſmaël) Prince de Hama ville de Syrie, a écrit une Geographie en Arabe, qu’on trouvoit dans la Bibliotheque de l’Electeur Palatin, & qui eſt aujourd’hui dans celle du Vatican. D’autres diſent qu’il étoit de Nubie. Poſtel le nomme le Prince des Coſmographes. C’eſt lui qui nous a donné une plus grande connoiſſance de l’Aſie. Il a traité ſa Geographie par Climats, dont on n’a vu juſqu’à preſent que les premiers, mais on nous fait eſperer les autres. Il eſt fort eſtimé dans tout l’Orient. On croit que ce Prince vivoit dans le III. ou IV. Siécle. Blancanus & Simler ont été de ce ſentiment ; mais il eſt ſûr qu’il a vécu beaucoup plus tard, & peut être dans le VIII. ou dans le IX. ou même l’an 1200. Quoi qu’il en ſoit, Guillaume Poſtel eſt le premier qui a apporté en Europe cet Ouvrage, dont il publia un abregé en Latin. * Blancanus, in Chron. Matth. Simler, in epit. Bibl. Geſner. Voſſius, de ſcient. Mathem. ch. 43. [Jean Gravius, qui a publié a Londres en 1650. la Deſcription qu’Abulfeda Iſmaël a faite de la Choraſmie, & de la Mawaralnabre, païs au delà de l’Oxus, montre dans la Préface qu’il a vêcu au commencement du XIV. Siecle, & en parle avec plus d’exactitude que ceux que nôtre Auteur cite.]

ABELIENS, ou Abelonites, hérétiques d’Afrique dans le Dioceſe d’Hippone, ainſi nommez d’un certain Abel, qui faiſoit conſiſter la vertu à ſe marier, & vivre après cela en continence dans le mariage. Ils croyoient auſſi que les enfans que l’on n’adopte pas étoient illégitimes. Ils retournèrent depuis dans le ſein de l’Egliſe, lorſqu’on leur eut fait connoître leur ſuperſtition ridicule. * S. Auguſtin, de her. c. 87. Sandere, her. c. 90.

ABELLA, rivière de Pologne dans la Samogitie. Elle ſe joint au fleuve de Nieviaſza Kicidani

ABELLI,( Antoine) Religieux de l’Ordre de S. Dominique & Docteur de l’Univerſité de Paris, étoit en eſtime dans le XVI. Siécle. Il fut Abbé de Nôtre Dame de Livri en l’Aulnoi, & Confeſſeur de la Reine Catherine de Medicis. On lui attribue quelques Ouvrages de pieté. * La Croix du Maine & du Verdier Vauprivas parlent de lui.

ABELONITES. Cherchez Abeliens.

ABEN-BOEN, c’eſt-à-dire, Pierre du poûce : nom que les Iſraëlites de la Tribu de Ruben donnerent à la borne qui les ſéparoit de ceux de la Tribu de Juda. C’eſt une grande pierre, qui a la forme d’un four, qui paroît être de marbre. Elle eſt placée vers l’Orient ſur le grand chemin qui va à l’Adonis riviere de Phœnicie. * Bridenbach, Itiner. 6. S. Jerôme, des lieux Hebreux. André Maſius, ſur les Juges, ch. 5. SUP.

ABENCHAMOT, Capitaine de Barbarie & Seigneur des Aduars, ayant été battu par les troupes du Roi de Portugal, qui lui avoient enlevé une de ſes femmes, nommée Yote ; & voyant que cette priſonniere lui demandoit des marques de ſa tendreſſe, en la délivrant, il ſe ſentit ſi fort animé, que donnant ſur les Chrétiens, il les défit, & recouvra ſa femme. * Diego de Torrez, Hiftoire des Cherifs, ch. 31.

ABEN-EL-HACH, Arabe de Damas, fut élevé ſur le throne de Cordoue par ſes compagnons, qui pendirent Alcataran, qui en étoit le Souverain légitime. Et ayant défait les enfans de ſon prédeceſſeur, qui venoient de Narbonne, pour venger la mort de leur pere, il mourut de fatigue, ou, comme quelques-uns croyent, de poiſon, après avoir regné ſix mois. * Marmol, li. 2. c. 14.

ABEN-ESRA, fameux Rabbin d’Eſpagne, (dont le nom propre étoit Abraham) a compoſé de très-bons livres ſur l’Ecriture, ſur la Grammaire, l’Arithmetique, l’Aſtronomie, & ſur pluſieurs autres ſujets. Son ſtile eſt fort concis : ce qui a donné occaſion de faire quelques livres nommez Biurim ou Eclairciſſemens, pour entendre ſes Commentaires ſur l’Ecriture. Ces Commentaires ont été imprimez dans les grandes Bibles de Veniſe & de Bâle : & ceux qui en ont lu quelques exemplaires manuſcrits, ont obſervé qu’il y a bien des fautes dans les imprimez. Ses livres de Grammaire ont été imprimez à Veniſe en 1546. avec ceux de quelques autres Grammairiens. Le plus rare des livres d’Aben-Eſra, qui a auſſi été imprimé à Veniſe, eſt intitulé Jeſud mora. Buxtorf témoigne ne l’avoir jamais vu. Mais le P. Morin & R. Simon en ont vu des exemplaires manuſcrits. Ce dernier reprend le P. Morin d’en avoir cité un endroit qu’il a mal lû, & dont il a tiré de fauſſes conſequences contre les Auteurs de la Maſſore. Il dit que ce n’eſt pas un livre de Grammaire, comme Buxtorf l’a crû ; mais plutôt un livre de Théologie, où il exhorte à l’étude du Talmud. Ce Rabbin vivoit dans le XII. Siecle. * Richard Simon, Hiſt. Critique. Le P. Morin, Exerc. Bibl. SUP.

ABEN-EZER, lieu dans la Paleſtine, que Joſeph appelle Corée. Il eſt célebre par la victoire, que les Philiſtins remporterent ſur les Iſraëlites, lorſque ces ennemis du peuple de Dieu prirent l’Arche. Ils furent depuis eux-mêmes battus, & le lieu de leur défaite, appellé de ce nom, qui veut dire, Pierre de ſecours. * I. des Rois 4. & 7.

ABEN-HUMEYA, que les Maures révoltez firent leur Roi en Eſpagne, ſous le titre de Roi de Grenade & de Cordoue. C’étoit Ferdinand de Valor, ainſi ſurnommé d’un village où il habitoit dans la montagne d’Al puxara, eſtimé parmi les ſiens le premier en bien & en naiſſance. Il étoit âgé de vingt-cinq ans, courageux, hardi & capable de ſoûtenir cette dignité, moins par ſes mœurs que par ſon audace. Ce malheureux avoit été baptizé, il renonça à ſon Baptême, & ſon élection ſe fit avec toutes les cérémonies, qui ſont obſervées par les Maures. D’abord il ſe cacha courant de part & d’autre, mais enfin il parut & marcha avec une pompe Royale. Il épouſa trois femmes, & commença la guerre avec aſſez d’ardeur. Ses entrepriſes furent très-heureuſes en diverſes occaſions, il n’eut pas un ſemblable ſuccès dans d’autres ; mais enfin ayant perdu Aben-Xauhar, qui étoit ſon couſin, il ſe vit dans des embarras étranges par la jalouſie des ſiens. Il eſt vrai, que ſes affaires prenoient un aſſez bon train ; mais l’amour, le faſte & la confiance trop grande furent la cauſe de ſa perte. Un certain Diego Aguazil réſolut de le tuer, non qu’il eût été gagné par la recompenſe que les Eſpagnols promettoient à ceux qui l’aſſaſſineroient ; mais parce qu’il ne le pouvoit ſouffrir pour rival, dans l’amour d’une femme de condition. Diego lui ſuppoſa des lettres, qu’il écrivoit pour faire mourir des Mahometans, qui étoient dans ſes troupes. Abdala-Aben-Abo, qui les reçût, le vint ſurprendre & on l’étrangla. Aben-Humeya deſavoua les faits dont on l’accuſoit ; & comme il ſe vit preſſé, il proteſta qu’il mouroit Chrétien, & qu’il n’avoit jamais eu deſſein de ſe faire Maure, mais ſeulement d’accepter la qualité de Roi, pour ſe venger des Eſpagnols. Ce fut en 1570.

ABEN-HUT, Maure très-ſçavant, & des principaux du païs de Grenade, s’étant rendu maître des plus fortes villes de ce Royaume, ſe fit appeller Réformateur de la loi de Mahomet. Il fut depuis tué par un des ſiens, faiſant la guerre aux Chrétiens l’an 1234. * Marmol, l. 2 ch. 38.

ABEN-JOSEPH, de la race des Béni-merinis en Afrique, uſurpa le Royaume de Fez & de Maroc, ſur les Almohades, après avoir vaincu Mahamet Budobus ; & étendit enſuite ſes conquêtes dans toute la Mauritanie. Il ſe fit appeller Roi de Fez, qu’il choiſit pour Capitale, au lieu de Maroc ; & prit encore le nom de Muley Chec, c’eſt-à-dire, Maître & Seigneur, ou Roi Ancien. L’an 1275. Aben-Joſeph entra en Eſpagne avec dix-ſept mille chevaux, & plus de cinquante mille hommes de pié, & ſe rendit maître de Tarife & d’Algézire : puis il repaſſa en Afrique. Il fit encore pluſieurs autres expéditions en Eſpagne contre les Chrétiens, ou contre les Maures révoltez, juſques en l’année 1285. qu’il mourut, laiſſant pour ſucceſſeur ſon ſils Abu Sayd. * Marmol, Hiſt. de l’Afrique l. 2. SUP.

ABEN-ISMAEL, Roi de Grenade, ſe rendit tributaire du Roi de Caſtille ; mais après ſa mort arrivée en 1465. ſon fils Muley Albohacen rompit la paix ; ce qui fut cauſe de la ruine des Maures : car Ferdinand prit la ville de Grenade en 1492. & mit ainſi fin à la domination de ces Infideles en Eſpagne. * Daviti. SUP.

ABEN-MAHAMET, fameux Arabe : il ſe fit Roi de Cordoue & de Tolede, & s’oppoſa courageuſement à tous ceux qui lui voulurent diſputer cette couronne, & qui s’en prenoient aux Almohades, dont il ſoûtenoit le parti. * Marmol, l. 2. ch. 38.

ABEN-MELECH, ſavant Rabbin, a enſeigné le ſens Grammatical de l’Ecriture dans un Commentaire ſur toute la Bible. C’eſt un petit in folio, intitulé, Michlal Jophi, c’eſt-à-dire, la perfection de la beauté. Il renferme les interpretations litterales & Grammaticales des Rabbins Juda, Jona, Kimhi & de quelques autres, mais principalement celles de R. David Kimhi, dont il rapporte le plus ſouvent les mots. Il y en a eu deux éditions, la premiere à Conſtantinople, & la ſeconde en Hollande. Cette derniere eſt la meilleure, à cauſe de quelques Remarques d’Aben-Dana qu’on y a ajoutées. * Richard Simon, Hiſt. Critique. SUP.

ABEN-NEDIN, Auteur Arabe, qui a fait un Ouvrage de la vie des Philoſophes de ſa Nation, alleguant fidelement leurs écrits. Ce que le P. Merſenne a obſervé, dans la Preface des Coniq. d’Apollonius.

ABENOW. Cherchez Abnob.

ABENSPERG, ſur la Rivière d’Abenſt, Abuſina, petite ville d’Allemagne, dans la Baviere.

ABEN-TAAMON, Prince de la famille d’Abdala VI. Calife de Damas, qu’Abdulmic fit mourir ; il paſſa en Afrique pour éviter la colere de cet uſurpateur, qui faiſoit main baſſe ſur toutes les perſonnes de ſa famille. Etant arrivé dans la Mauritanie Tingitane, il fut élevé ſur le throne, à cauſe de ſa naiſſance & de ſon mérite. Il eut de grandes guerres contre les Romains & les Goths, qui tenoient la côte de Barbarie ; après pluſieurs victoires, il ſe fit appeller Amir-el-Moſelemin, pour braver les Califes d’Arabie. On croit qu’il fit bâtir la ville de Maroc, mais les Arabes diſent le contraire. * Marmol, liv. 2. ch. 9.

ABEN-TESPHIN, Numide, qui chaſſa les Sarrazins de l’Afrique, dans le XII. Siecle, & s’en fit Miramolin, c’eſt-à-dire, Prince, [Emir-el-memunin Prince des fideles] après avoir ruiné les Royaumes de Fez, de Mauritanie, & de Telenfin. Les Sarraſins d’Eſpagne l’appellerent enſuite à leur ſecours, parce qu’ils ſe ſentirent trop foibles pour ſe maintenir contre les Princes Chrétiens. Mais ce ſecours fut également funeſte aux uns & aux autres : car Aben-Teſphin chaſſa les Chrétiens de Caſtille, de Portugal, & des autres lieux qu’ils avoient repris ſur leurs ennemis : mais il fit depuis mourir la plupart des Rois Sarrazins, en depouilla quelques-uns de leurs Etats, & rendit les autres tributaires de ſes enfans, ſous le commandement deſquels il laiſſa l’Eſpagne, avant que de s’en retourner en Afrique. * Birago, Hiſtoire Africaine. SUP.

ABEN-VERGA, Rabbin, qui a écrit des Tables Aſtronomiques ; on ne ſait pas preciſément en quel tems il vivoit. * Voſſius, de Mathem. c. 35. §. 50.

ABEN-XAUHAR, eſt un de ces malheureux Moriſques d’Eſpagne, qui ſe revolterent dans le XVI. Siecle. Celui-ci étoit d’une bonne famille, nommé Ferdinand, & rénia ſon Baptême, pour ſuivre la ſecte de Mahomet. Il fut un des premiers qui conſeilla aux Moriſques de prendre les armes, & il le fit avec plus d’ardeur que les autres. On voulut le faire Roi de Grenade, quelques-uns même l’avoient déjàa reconnu, mais il aima mieux, qu’on donnât cette qualité à ſon couſin Ferdinand de Valor, qu’on nomma Aben-Hu-

meya.