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expressions mêmes de ce prophéte, il paroît qu’il prophétisoit après la ruine de Jérusalem par les Chaldéens, c’est-à-dire, vers l’an 588 avant l’ere chrétienne vulgaire. Il s’éleve contre les Iduméens, & leur reproche de s’être trouvé au milieu des ennemis de Jérusalem lorsque les étrangers réduisoient son peuple en captivité, entroient en possession de ses villes, & jettoient le sort sur Jérusalem même. Il leur reproche d’avoir alors porté une main violente sur les enfans de Jacob, & leur annonce les vengeances que le Seigneur exercera sur eux. On doit prendre garde de ne pas confondre ce prophéte, comme quelques-uns ont fait, ni avec Abdias pere de Jesmaïas, dont il est parlé dans le premier livre des Paralipomenes, ch. 27, v. 19, ni avec un autre de ce nom qui étoit lévite & intendant du temple. 2. Paralip. c. 34, v. 12. * S. Jérôme, comment, in Abd. le faux Epiphane, dans le traité de la vie des prophétes. Nouv. Calmet, prœf. sur Abdias.

ABDIAS, de Babylone, auteur fabuleux sous le nom duquel on lit une histoire apocryphe, intitulée, historia certaminis apostolici, ou du combat des apôtres. Cet imposteur se vante dans son ouvrage d’avoir vu Jesus-Christ, d’avoir assisté aux actions & à la mort de plusieurs apôtres, & d’avoir suivi en Perse les apôtres S. Simon & S. Jude, par lesquels il prétend avoir été ordonné premier évêque de Babylone. Il ne paroît point qu’Eusebe, S. Jérôme, ni les autres anciens aient eu connoissance de cette histoire supposée. Elle a été déterrée dans ces derniers siécles par Wolfang Lazius, qui en trouva le manuscrit dans une caverne de la Carinthie, & qui le publia à Basle en 1551, in-folio. Le manuscrit annonçoit que l’ouvrage étoit originairement écrit en hébreu, & avoit été traduit en grec par Eutrope, & en latin par Africanus. Lazius en fit tant de cas, qu’il ne feignit point de mettre son autorité en paralléle avec celle de S. Luc même : mais les plus habiles furent frapés des contradictions grossieres qui se rencontrent dans l’histoire d’Abdias. Cet auteur qui se dit contemporain des apôtres, cite néanmoins un passage du V livre des commentaires d’Hegesippe, qui n’a vécu qu’environ 130 ans après l’ascension du Sauveur, du temps de S. Justin & d’Athenagoras. Dailleurs il allegue dans son V livre un disciple des apôtres appellé Crathon, dont l’histoire fut, dit-il, mise en latin par l’Africain l’historiographe. Ce ne peut être que le célébre Jules Africain : or qui ne sait que c’étoit un auteur grec, qui conduisit sa chronique jusqu’à l’an 221 de J.C. On laisse à part les fables dont le livre d’Abdias est semé, & les fautes qu’y a remarquées Jean Hessels. Les critiques les plus éclairés, tant catholiques que protestans, conviennent unanimement de la supposition de cet ouvrage, qui a été rejettée comme apocryphe par le pape Paul IV.

Il y a eu autrefois dans la bibliothéque de M. de Thou, un manuscrit d’Abdias, qui différoit beaucoup de celui de Lazius. Ce manuscrit ne se trouve point dans la bibliothéque du roi, où il auroit dû être apporté avec les autres qui ont appartenu à M. de Thou. Mais les curieux pourront en voir les variantes dans la bibliothéque des Feuillans de Paris, où on les a écrites sur un exemplaire d’Abdias, imprimé à Paris en 1560, in-8º, par les soins de Jacques Lefévre docteur de Sorbonne. Fabricius fait aussi mention d’un manuscrit d’Abdias, qui a appartenu à Claude d’Espence, & qui n’etoit point celui de Lazius. * Bellarmin, de script. eccl. Possevin, apparat. Hessel. cens. de quibusd. sanctor. hist. Molan. l. de sacris picturis, c. 38. Prœfat. ad Martyrol. edit. Lovan. 1568, & l. 1. de fide hœret. serv. c. 6. 6. Vossius, hist. gr. p. 200. Dupin, bibl. des aut. eccl. Bayle, dict. crit. J.A. Fabricius, cod. apocr. N. T. part. 2, p. 389, 393, 395. Rivet, crit. sacr. l. 1, c. 6.

ABDILA, cruel persécuteur des chrétiens, en Espagne, du temps de l’empereur Justin. * Antonin, liv. XV, en fait mention.

ABDIRAN, roi des Sarasins, résistant vaillamment à Charlemagne, passa la Garonne, pilla & saccagea la ville de Bourdeaux, s’abandonnant à toutes sortes de débauches. * Sabell.

ABDISSI, ABDISU, ou ABDIESU, nommé aussi Hebed-Gesu, patriarche de la ville de Muzal, dans l’Assyrie orientale, étoit fils de Jean, de la ville de Gesire sur le Tigre, & avoit été moine de S. Pacôme, selon quelques-uns, & de S. Antoine, selon d’autres. Il vint à Rome sous Jules III, fit abjuration du nestorianisme entre l’an 1550 & 1555, & fut déclaré patriarche des nestoriens après la mort de Simon Julacha. Il fit un second voyage à Rome sous le pontificat de Pie IV, qui le confirma dans sa dignité, & lui donna le pallium le 7 de mars 1562. Fra-Paolo rapporte qu’Abdissi avoit écrit une lettre au concile de Trente ; mais ce fait lui est contesté par le cardinal Pallavicin, & n’est pas bien vérifié. Abdissi possédoit parfaitement le chaldéen, l’arabe, le syriac ; il répondoit pertinemment aux questions les plus difficiles. Il disoit que ses ancêtres avoient reçu leur doctrine de S. Thomas, de S. Thadée, & de leur disciple S. Marc ; que leur créance étoit entierement conforme à celle des catholiques romains, & que leurs sacremens étoient les mêmes, aussi-bien que la plupart de leurs cérémonies, qui étoient écrites dès le temps des apôtres dans les livres qu’ils gardoient depuis ces temps-là. Avant son abjuration, Abdissi avoit écrit plusieurs ouvrages en syriac, pour appuyer la créance des nestoriens. Abraham Ecchellensis en fait mention dans le catalogue des écrivains Syriens, qu’il fit imprimer en syriac à Rome en 1653, avec une version latine & des notes. Il en parle aussi dans la préface qu’il a mise à la tête de ce catalogue. On garde dans la bibliothéque du Vatican deux poëmes d’Abdissi, écrits de sa main, où il rend raison de sa réunion à l’église romaine. Abdissi attira plusieurs nestoriens à la communion romaine. Ahathalla lui succéda, & ayant vécu fort peu de temps, il eut pour successeur Denha Simon, qui étoit auparavant archevêque de Gelu. Celui-ci fut obligé d’abandonner Caremit, où son prédécesseur avoit fait sa résidence. Il se retira dans la province de Zeinalbech, à l’extrémité de la Perse, pour céder au patriarche de Babylone. Son successeur, nommé aussi Simon, résida au même lieu. * De Moni, c’est-à-dire Richard Simon, hist. crit. des églises du Levant. Thuan. hist. l. 32. Spond. ad an. 1562. Aubert le Mire, polit, eccles. l. 2, c. 5. Onuphr. Panvin, in vit. Pii V. Fra-Paolo & Pallavicin, hist. du concile de Trente. Bayle, dict. crit.

ABDOLLATIF, Arabe, médecin du grand Saladin, auteur d’une histoire d’Egypte. Il en avoit fait deux fois le voyage, pour rendre sa description plus parfaite. Le célébre Edoward Pococke, professeur d’hébreu à Oxford, apporta d’orient cet ouvrage, vers la fin du XVIIe siécle ; & en 1748 Thomas Hunt, professeur en arabe à Oxford, en a donné une édition avec le texte original, à Oxford in-4º. Le titre est : Abdollatiphi historæ Ægypti compendium, quod sexaginta abhinc annis ab Edwardo Pocockio, ex linguâ arabica in linguam latinam versum, nunc primum utrâque edidit notisque illustravit Thomas Hunt, S. T. P. linguæ, arabicæ professor. Cet ouvrage est partagé en deux traités, dont le premier présente six chapitres. 1. De proprietatibus Egypti. 2. De plantis quæ ipsi propriæ sunt. 3. De animalibus quæ ipsi propria sunt. 4. De explicatione monumentorum antiquorum quæ in eá cernuntur. 5. De ædificiis miris, & navigiis quœ in eá cernuntur. 6. De miris ejus cibis. Le second traité n’a que trois chapitres. 1. De Nilo, deque modo incrementi hujus & de causis hujus canonibusque assignandis. 2. De accidentibus anni 597 hegiræ. 3. De accidentibus anni hegiræ 598.

ABDOLMELEC de Shiras, géométre Persan, traducteur, ou plutôt abréviateur des côniques d’Apollonius. Ravius apporta son ouvrage d’orient, & en publia en 1669 une traduction des 5, 6 & 7e livres,