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claration : Que c’est louer la vertu même, que de louer S. Athanase. Ses ouvrages contiennent la défense des mystères de la Trinité & de l’Incarnation, de belles apologies, diverses lettres, la vie de S. Antoine, celle de sainte Syncletique, & des traités contre les Ariens, les Méletiens, les Apollinaristes & les Macédoniens ; car dans le concile qu’il célébra l’an 362 à Alexandrie, il s’y déclara le défenseur de la divinité du S. Esprit.

Nous avons diverses éditions des œuvres de ce Saint. Celle de Commelin en 1600, est belle, & celle de Paris de 1617, avec les corrections de Pierre Nannius, l’est encore davantage. Elle est en deux volumes, en grec & en latin. Mais celle qu’ont donnée les peres bénédictins de la congrégation de S. Maur, en 3 vol. in fol. l’emporte sur toutes les autres. Godefroi Hermant, docteur de Sorbonne, & Chanoine de Beauvais, a composé une excellente vie de S. Athanase en françois.

Dom Bernard de Montfaucon, qui est auteur de la derniere édition des œuvres de S. Athanase, a 1º. corrigé le texte grec sur les manuscrits ; 2º. il a fait une version nouvelle ; 3º. il a rangé les œuvres de S. Athanase, suivant l’ordre chronologique, & a distingué celles qui sont certainement véritables des douteuses & des supposées ; celles-là sont contenues dans le premier tome, qui est divisé en deux volumes ; celles-ci se trouvent dans le dernier ; 4º. il a publié quelques ouvrages qui n’avoient point encore vu le jour ; 5º. il a donné une nouvelle vie de S. Athanase. Il a mis à la tête de chaque livre des avertissemens curieux, & a depuis publié un nouveau recueil d’ouvrages des peres, dans lequel il a inséré quelques opuscules attribués à S. Athanase.

Ce n’est pas ici le lieu de faire la critique de tous les ouvrages. de S. Athanase. On peut consulter là-dessus MM. Hermant & Tillemont, dom Barnard de Monfaucon & M. Du-Pin, qui a fait une analyse exacte des œuvres de ce pere. Les savans sont fort partagés sur l’auteur de la formule de foi, qui se trouve entre les œuvres de ce pere : les uns l’attribuent à quelques François ; le pere Quesnel la donne à Vigile de Tapse ; l’abbé Antelmi à Vincent de Lerins. On imprima en 1730 une dissertation de M. l’abbé le Clerc, tendante à prouver que le symbole est réellement de S. Athanase.

S. Athanase écrit avec une netteté agréable & une noble simplicité ; il est énergique dans ses raisonnemens, & donne un tour persuasif à tout ce qu’il dit ; il est exact dans les narrations & fort dans ses ouvrages polémiques. Il se proportionne toujours au sujet dont il traite, & aux personnes ausquelles il parle ; il a eu beaucoup de conduite & de prudence. Sa doctrine est très-pure, & non-seulement ses sentimens sont orthodoxes, mais aussi ses expressions sont très-justes & très-exactes. * S. Athanase, dans ses apologies & dans sa lettre aux solitaires. S. Gregoire de Nazianze, orat. 21. S. Jerôme, in cat. c. 87, ep. 7, &c. S. Hilaire. Socrate. Théodoret. Sozomene. Rufin. S. Epiphane. S. Cyrille d’Alexandrie. S. Jean de Damas. Photius, cod. 32, 139, 140, & 258. Trithême & Bellarmin, de script. eccl. Baronius, in annal. à 311 ad 372. Sixte de Sienne, bibl. SS. Possevin, in appar. sacr. Sulpice Severe, liv. 2 hist. Hermant, vie de S. Athanase. Maimbourg, hist. de l’Arianisme, Vossius, dissert. 2. de trib. symbol. Le Mire, &c. Tillemont, mem. pour servir à l’hist. ecclesiast. Dom Bernard de Montfaucon, nouvelle édition des œuvres de S. Athanase. Du-Pin, nouvelle bibliothéque des aut. ecclés. du IV siécle.

ATHANASE (S.) diacre de l’église de Jérusalem, soutint la doctrine du concile de Chalcédoine, & fut persécuté par Théodore, chef du parti des Eutychiens, qui chassa en 452 de Jérusalem le patriarche Juvenal, & se fit ordonner à sa place. Le diacre Athanase lui ayant reproché les cruautés qu’il exerçoit, fut enlevé par des satellites, qui après l’avoir déchiré à coups de fouets, le percerent d’un coup d’épée. Théodose fit traîner son corps par la ville, & ordonna qu’on le jettât aux chiens, qui le dévorerent. Le martyrologe romain fait mention de lui le 5 juillet. Les ménologes des Grecs marquent en ce jour un autre Athanase, abbé ou religieux du mont Athos. * Vita Euthymii per Cyrillum, Evagre, l. 2, c. 5. Baillet, vies des saints, 5 juillet.

ATHANASE, neveu de S. Cyrille d’Alexandrie. C’est le même que Dioscore traita si mal, & qui accusa ce patriarche dans le concile de Chalcédoine, en 451. Ce qu’on peut voir dans les actes de ce concile, act. 3.

ATHANASE, évêque d’Ancyre, vivoit dans le IV siécle. Il étoit fils d’un autre Athanase, qui faisoit profession de science & d’éloquence, & qui avoit eu à gouverner des villes & des provinces entieres. Il avoit été fait évêque d’Ancyre par Acace de Césarée, en la place de Basile, déposé en 360, par le concile de Constantinople, lorsque Marcel évêque de la même ville vivoit encore. Mais le défaut qui se trouvoit dans sa promotion à l’épiscopat, fut heureusement réparé par le zèle avec lequel il signa le symbole de Nicée en 365 au concile d’Antioche, & par les combats qu’il soutint pour défendre la divinité du Verbe & du S. Esprit. S. Basile & S. Grégoire de Nazianze lui donnent de grands éloges. Il mourut vers l’an 372. * S. Basile, epist. 53, 54, 81, &c. S. Grégoire de Nazianze, orat. 1, in Eunom. Baronius, A. C. 373 n. 34. Hermant, vies de S. Athan. & de S. Basile.

ATHANASE, surnommé Herniosus, patriarche d’Alexandrie, étoit hérétique, & succéda à Pierre Mongus l’an 490. Nicéphore, Evagre, Léonce, & Liberatus, parlent de lui. Il mourut en 497. * Baronius, A. C. 491 & 497.

ATHANASE, patriarche de Constantinople, étoit un moine qui succéda à George ou Grégoire de Chypre, en 1289. Quatre ans après il fit une abdication volontaire, & Jean fut mis en sa place. On obligea Athanase de la reprendre en 1304, & six ans après il s’en démit encore une fois. On lui attribue quelques traités, que nous avons dans la bibliothéque des peres, tom. III, col. 141, édit. 1624.

ATHANASE, hérétique Jacobite, cherchez ANASTASE III, patriarche d’Antioche.

ATHANASIE (Sainte) veuve, abbesse de Timie, dans la Gréce, fille de Nicétas & d’Irene, naquit vers le commencement du IX siécle dans l’isle Egine. Étant encore vierge, elle étoit résolue de se consacrer à Dieu ; mais ses parens l’obligerent de se marier à un officier, qui fut tué seize jours après dans un combat contre les Sarazins. Athanasie après la mort de son mari, demeura quelque temps en viduité ; mais elle fut obligée de se marier une seconde fois, par l’édit de l’empereur Michel le Begue, qui ordonnoit aux filles nubiles & au jeunes veuves de se marier. Ce second mari touché des exemples de vertu de sa femme, entra dans un monastère, & Athanasie changea sa maison en couvent. Elle fut obligée d’accepter le gouvernement de cette nouvelle communauté, qu’elle transféra quatre ans après dans un lieu plus écarté, où elle bâtit encore depuis trois autres églises. Son monastère fut appellé Timie, c’est-à-dire, lieu honoré & respecté. Athanasie fut obligée de faire un voyage à Constantinople, & à son retour elle mourut le 15 août 860. Les Grecs ont transféré sa fête au 16, à cause que le 15 étoit destiné à l’assomption. On rapporte quantité d’austérités de cette Sainte & de ses compagnes, qu’elle modéra néanmoins depuis, par l’avis d’un prêtre nommé Mathias. * Vie de Sainte Athanasie, rapportée par Metaphraste Surius. Baillet, vies des saints, 14 août.

ATHANATES ou IMMORTELS, grec άθάνατοι, nom que les Perses donnoient à un corps de dix mille hommes d’élite, qui étoient soigneusement en-