Page:More - L’Utopie, trad. Stouvenel, 1842.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

traités parmi les peuples, quand même ceux-ci les observeraient religieusement. Cet usage habitue les hommes à se croire mutuellement ennemis, nés pour une guerre éternelle et pour s’entredétruire légitimement, en l’absence d’un traité de paix ; comme s’il n’y avait plus société de nature entre deux nations, parce qu’une colline ou qu’un ruisseau les sépare.

« Encore si les alliances garantissaient l’amitié des confédérés ; mais elles n’enlèvent jamais tout moyen de rupture, et par conséquent de pillage et de guerre, à cause de l’étourderie des diplomates qui dressent les articles. Il est rare que les plénipotentiaires embrassent tous les cas possibles dans leurs prohibitions et leurs engagements, ou qu’ils les formulent d’une manière parfaitement nette et précise.

« Les Utopiens ont pour principe qu’il ne faut tenir pour ennemi que celui qui se rend coupable d’injustice et de violence. La communion à la même nature leur paraît un