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UTOPIE DE THOMAS MORUS

tres viennent chez eux. Fidèles aux principes et aux coutumes de leurs ancêtres, ils ne cherchent point à étendre leurs frontières et n’ont rien à craindre du dehors. Leurs montagnes, et le tribut qu’ils payent annuellement au monarque, les mettent à l’abri d’une invasion. Ils vivent commodément, dans la paix et l’abondance, sans armée et sans noblesse, occupés de leur bonheur et peu soucieux d’une vaine renommée ; car leur nom est inconnu au reste de la terre, si ce n’est à leurs voisins.

« Lorsque chez ce peuple un individu est convaincu de larcin, on lui fait d’abord restituer l’objet volé au propriétaire et non au prince, comme cela se pratique ailleurs. Les Polylérites pensent que le vol ne détruit pas le droit de propriété. Si l’objet est dégradé ou perdu, on en prend la valeur sur les biens du coupable, et on laisse le reste à sa femme et à ses enfants. Lui, on le condamne aux travaux publics ; et si le vol n’est pas accompagné de circonstances aggravantes, on ne met le condamné ni au ca-