Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 240 —

faisait rage, vers le milieu de février dix neuf cent, époque à laquelle, après la mort de Walter Mortimer, nous retrouvons nos trois amis sur le chemin de la capitale de l’État d’Orange.

Le train qui les emportait roulait à toute vitesse au milieu des éclairs et du tonnerre ; il faisait nuit et, depuis deux heures de l’après-midi, la tempête hurlait sans désemparer. La pluie tombait comme par blocs, on eût dit qu’elle était jetée sur le sol du haut de grands réservoirs renversés tout d’un coup. Les petits wagons semblaient ne conserver leur équilibre, sur la voie étroite et très élevée, que grâce à leur vitesse excessive. Dans toute sa longueur, le train était secoué violemment et il frémissait comme une gaule sous l’action de son propre mouvement et sous le souffle de l’ouragan. Dolbret, d’abord surpris, puis effrayé de ce déchaînement des éléments, avait fini par l’admirer. À tout instant il tirait Stenson par la manche et lui montrait les pics énormes de Drakensbergs, se profilant au loin, derrière les monts Quatlamba qu’un sillon de feu illuminait magnifiquement pendant une seconde. Puis tout retombait dans l’obscurité et la foudre, éclatant comme des centaines de décharges d’artillerie, faisait un effet encore plus terrifiant, dans cette nuit noire et impénétrable. Seuls dans leur compartiment, Dolbret et ses amis causaient, quand le sifflement de la tempête leur permettait de se comprendre. Vers minuit, Dolbret, qui s’était assoupi, fut éveillé par l’arrêt du train à Brandfort.

— Monsieur le chasseur d’ours, dit-il à Wigelius, j’ai une faim de loup ; est-ce que le bon Verez n’aurait pas, par hasard, prévu le cas ?